Par Philippe Chalmin

Les sanglots longs des violons du Covid n’en finissent pas en cet automne de percer nos économies d’une langueur bien peu monotone… Que Verlaine nous pardonne cet ignoble plagiat, mais il reflète bien l’ambiance qui règne au moins des deux côtés de l’Atlantique. Aux États-Unis, l’euphorie de l’après Trump se heurte à la réalité d’une troisième vague de la pandémie dont les statistiques s’alourdissent chaque jour sans pour autant doucher l’euphorie des marchés bousiers. En Europe, on en est encore à la seconde vague, mais entre le blocage budgétaire (et par là, du plan de relance) orchestré par la Pologne et la Hongrie) et l’interminable feuilleton du Brexit, on ne voit pas beaucoup de lumière au bout d’un tunnel qui ne s’illuminera même pas dans les stations de ski pour Noël !
Une chose est sûre en tout cas en cette fin d’année. C’est la Chine qui va être la grande gagnante de cette improbable année 2020. Le bilan économique, tel qu’il peut être dressé dans les premiers jours de décembre, se rapproche de celui d’une étape de montagne du Tour de France : après un « coup de pompe » dans les premiers lacets, le coureur chinois a fait la course en tête et est déjà en train de basculer dans la descente du col du Covid. 4 % de croissance plus bas, on retrouve quelques solides coureurs qui pédalent à leur rythme : il y a notamment l’Américain (fortement dopé aux stéroïdes publics), l’Allemand et le Japonais. Beaucoup plus loin, peinant et soufflant à 8 %, 10 %, 12 % plus bas, il y a un gros peloton d’Européens, Français, Italiens et Espagnols notamment, mais aussi Indiens, Africains et quelques autres. Pour eux, chaque coup de pédale est plus douloureux alors qu’ils imaginent le Chinois rafler tous les maillots. Arrêtons la comparaison qui devient par trop cruelle. Il reste à savoir si la Chine ne gagnera là qu’une étape ou bien déjà le podium final de ce siècle. Elle est en tout cas une redoutable capitaine de route évinçant un peu plus les États-Unis du Pacifique avec un nouvel accord de libre-échange et punissant tous ceux qui comme l’Australie se permettent de critiquer son coup de pédale : vin, orge, charbon et autres minerais australiens devront trouver d’autres destinations.
Car la Chine reste plus que jamais le débouché majeur sur les grands marchés de commodités : on le savait pour le minerai de fer (et déjà plus d’un milliard de tonnes d’importation en onze mois, + 10,9 %) et le soja (+ 15,2 %), mais c’est aussi le cas pour le pétrole (+ 9,5 %) et même pour les céréales : sur la campagne en cours (2020/2021), la Chine pourrait même approcher des 50 millions de tonnes d’importations, ce qui lui donnerait une véritable « arme alimentaire » (surtout si l’on y rajoute 100 millions de tonnes de soja et un peu de colza) comparable à celle que détint l’URSS dans les années quatre-vingt.
Sur les marchés des grains en tout cas, grâce à la Chine, l’année se termine en fanfare. Il en est de même pour les minerais et métaux du fer (à $ 145 la tonne), au cuivre ($ 7 500). Seul l’or fait un peu grise mine, mais on sait qu’il n’aime pas les vaccins ! Quant au pétrole, il essaie de s’adapter au monde d’après Trump. Donald Trump avait au moins réussi à mettre un peu d’ordre parmi les producteurs et à faire se parler Poutine, MBS, Lopez Obrador et les princes du Golfe. Russes et Saoudiens ont pour l’instant maintenu une unité de façade, mais il n’est pas certain que celle-ci soit très durable.
En cette fin d’année, le monde se prépare à vivre sans Donald Trump et espérons-le sans Covid. Mais dans un cas comme dans l’autre, l’incertitude demeure pour un monde dont le souci majeur va être désormais de gérer l’aléa chinois.
Que ceci n’empêche pas tous les amis de CyclOpe de passer de très belles fêtes de fin d’année, distanciées, plus intimes, mais chaleureuses.

• L’indice PMI chinois (Markit) au plus haut (53,6) depuis janvier 2011
• Les autorités chinoises bloquent au dernier moment l’introduction en bourse de Ant Group de Jack Ma (Alibaba)
• Joe Biden emporte les élections américaines : 5 millions de voix de plus que Donald Trump
• Reconfinement au Royaume-Uni

• Controverses et recomptages aux États-Unis : Trump mauvais perdant
• Annonce du vaccin de Pfizer
• L’Inde en récession pour la première fois de son histoire
• Risque de guerre civile en Éthiopie
• Signature d’un accord de libre-échange en Asie : Asean, Japon, Corée, Australie, NZ et… Chine !

• La Pologne et la Hongrie bloquent le plan de relance et le budget européen
• Sommets « virtuels » de l’APEC et du G20 ainsi que des BRIC
• Défaut de la Zambie
• Tesla entre dans le SP500
• Menace de troisième vague du Covid au Japon et en Corée
• Flambée du bitcoin

• Le Dow Jones à 30 000 pour la première fois de son histoire
• Le Nigeria en récession
• Janet Yellen nommée future secrétaire au Trésor aux États-Unis
• $ 118 milliards de pertes des compagnies aériennes en 2020 (sur $ 328 milliards de CA)

• Rejet de la votation suisse sur la responsabilité sociale et environnementale
des multinationales
• Un an de Covid…
• L’euro à $ 1,20
• Accord de l’OPEP+ pour une augmentation de 500 000 bj du quota pétrolier
au 1/1/2021

• Troisième vague du Covid aux États-Unis
• Minerai de fer : $ 145