Par Philippe Chalmin

Il y a déjà près de trois mois que le canon tonne en Ukraine, que le rouleau compresseur russe, malgré ses ratés, avance dans le Donbass et sur la côte de la mer Noire. Le monde peu à peu s’habitue à l’horreur et ne peut qu’admirer les capacités de résistance ukrainienne, bien au-delà de ce que l’on pouvait imaginer. L’Occident se mobilise, fournit des armes, mais peine un peu à rendre ses sanctions effectives. Après le gaz, on bute maintenant sur le pétrole et les produits pétroliers : la Hongrie traîne des pieds tout comme la Grèce dont les navires continuent à transporter le pétrole et le blé russes. La guerre va durer à l’aune de l’aveuglement de Poutine et de l’obstination légitime des Ukrainiens. On ne voit guère pour l’instant de porte de sortie honorable et juste.
Mais l’actualité, c’est aussi – et encore – le Covid avec les conséquences de la politique du «zéro-Covid» en Chine. Shanghai est confiné, Pékin commence à l’être. La croissance chinoise a été probablement négative en avril. La paralysie des chaînes de valeur se poursuit à l’image de port saturés et de taux de fret conteneurs au plus haut.
Et puis, il y a aussi ces menaces de sécheresse qui nous rappellent les enjeux climatiques auxquels la planète doit aussi faire face : en France certes, mais surtout aux Etats-Unis, en Inde avec une vague de canicule et puis aussi dans la corne de l’Afrique. Le défi alimentaire mondial redevient d’actualité sur fond de crise sur les marchés agricoles alors que réapparaissent des embargos comme celui que l’Indonésie a décrété sur l’huile de palme et plus récemment celui de l’Inde sur ses exportations de blé.
Ukraine, Covid en Chine, sécheresses, tout ceci se reflète dans le ralentissement de la croissance un peu partout dans le monde, dans la hausse des prix tant des matières premières que des produits industriels. L’inflation est au plus haut depuis quarante ans et le mot de «stagflation» redevient sinistrement d’actualité.
Le sous-titre de CyclOpe 2022, qui sera publié le 8 juin, «Le monde d’hier» est bien d’actualité tant l’accumulation de ces crises balaie bien de nos certitudes.
Crise logistique, crise énergétique, crise agricole, tensions sur les matières premières industrielles, crise climatique, comme il devient difficile d’imaginer le monde de demain !
L’actualité ne nous offre que le triste sourire de Marilyn Monroe, peinte en bleu par Andy Warhol, qui s’est vendu $ 195 millions à New York (un peu en-dessous quand même de l’estimation de $ 200 millions). Pendant la guerre et les crises, la valse continue…