Energie

❚ L’agence américaine de l’énergie (EIA) estime que la croissance de la production de pétrole en 2023 ne sera que de 920 000 bj. La production américaine serait de 13,2 mbj puis de 13,73 mbj en 2025.

❚ L’AIE a encore réduit à 1,1 mbj son estimation de la croissance de la demande de pétrole en 2024. Cela fait 1,15 mbj d’écart avec l’estimation de l’OPEP. Pour 2025, l’écart est un peu moins marqué : 1,2 mbj contre 1,85 mbj. Par contre, l’offre n’augmenterait que de 580 000 bj (contre une prévision de
770 000 bj en 2025).

❚ D’après PetroChina, la Chine pourrait battre en 2024 son record d’importation de GNL à près de 80 Mt. Ceci étant, pour l’instant, les prix restent relativement tendus à plus de $ 10 le mbtu. À ce prix, le charbon reste plus compétitif pour les électriciens chinois. Avec la canicule, l’Inde devrait augmenter aussi ses importations de GNL de près de 20 % à 28 Mt.

❚ Le raffineur indien Reliance a signé un contrat d’achat de pétrole russe de 3 millions de barils par mois qui sera payé en roubles à Rosneft. Reliance devrait payer l’équivalent de $ 3 le baril en dessous du Dubai pour de l’Oural et de $ 1 en privé sur le Dubai pour l’ESPO.

❚ À sa réunion tenue en ligne le 2 juin, l’OPEP+ a décidé de ne pas modifier ses engagements de réduction de quotas : 3,06 mbj resteront bloqués jusqu’à fin 2025. En ce qui concerne les 2,2 mbj de coupures « volontaires » qui expiraient fin juin, elles sont prolongées de trois mois jusqu’en septembre. L’OPEP+ table sur une demande faite aux pays membres au deuxième semestre 2024 de 43,05 mbj (pour une production en avril de 41,02 mbj). L’AIE est beaucoup moins optimiste à 41,9 mbj. La seule concession a été faite aux EAU qui ont obtenu une augmentation graduelle de leurs quotas de
300 000 bj. tout le reste a été renvoyé à… 2026.

❚ Goldman Sachs situe maintenant le « peak oil » en 2034 à 110 mbj de pétrole (108,5 mbj en 2030). Par la suite, la consommation devrait se stabiliser jusqu’en 2040.

❚ Les nouvelles routes du pétrole profitent à la demande de tankers. La flotte actuelle est ancienne (13 ans en moyenne), les taux de fret augmentent tout comme le coût des nouveaux navires (mais le carnet de commandes ne représente que 7 % de la flotte mondiale). En réalité, les chantiers privilégient les porte-conteneurs et les méthaniers. Certains experts estiment les besoins à 1 100 navires, dont 400 VLCC. Ainsi, pour la première fois, Trafigura a commandé 5 VLCC en Chine, mais livrables seulement en 2026 et 2027.

❚ La fermeture d’un gazoduc norvégien a fait bondir les prix du gaz naturel en Europe sur le TTF à € 38 le MWh. Ceci montre bien que malgré des stocks abondants, la situation européenne reste tendue surtout si on se prive du GNL russe.

❚ L’Égypte, confrontée à une baisse de sa production de gaz naturel (– 11,5 % en 2023) devient importative de GNL. Elle a acheté quatre cargaisons en 2024 sur le marché spot (en prime de $ 1,5 le mbtu sur le TTF), ce qui a provoqué des tensions sur le marché européen du GNL. Elle a affrété un FSAU qui sera opérationnel dans les jours à venir. Il est clair qu’il faut rayer l’Égypte de la carte des exportateurs de gaz.

Minerais et métaux

❚ D’après Johnson Matthey, les marchés des platinoïdes devraient rester en déficit en 2024 :
598 000 onces pour le platine, 358 000 onces pour le palladium, 65 000 onces pour le rhodium. De son côté, le WPIC estime le déficit de platine en 2024 à 476 000 onces. Ceci étant, même en tenant compte de ce déficit, les stocks seraient encore de 3,6 millions d’onces (un peu moins de la moitié de la consommation mondiale).

❚ Vale estime les importations chinoises de minerai de fer autour de 1 170/1 180 Mt à peu près identiques à 2023.

❚ Rumeurs de squeeze sur le marché américain du cuivre qui sur le contrat du COMEX de New York a atteint $ 11 414 la tonne. Cela offre des opportunités d’arbitrage et des négociants comme Trafigura et IXM vont probablement livrer du cuivre sur New York (d’autant plus que, sur le LME, les stocks sont pour l’essentiel encore du cuivre russe qui n’est pas livrable aux États-Unis). Au même moment, le LME cotait $ 10,240.

❚ L’Indonésie augmente ses importations de minerai de nickel en provenance des Philippines :
500 000 tonnes en avril et probablement autant en mai pour pallier les lenteurs de l’administration indonésienne pour renouveler les permis miniers.

❚ La chine envisage d’augmenter de 15 000 tonnes sa réserve stratégique de cobalt, ce qui permettrait de réduire l’excédent mondial estimé à
20 000 tonnes en 2024.

❚ Flambée des prix de l’antimoine qui depuis le début de l’année a pris 75 % (à $ 21 000 la tonne) en Europe et 56 % en Chine ($ 17 588). La Chine représentait en 2023 48 % de la production mondiale. L’antimoine est utilisé dans les armes et les munitions, mais aussi pour les panneaux solaires. Le marché est déficitaire (8 000 tonnes en 2023).

❚ D’après les comptes de Rusal, Glencore a acheté pour $ 1,06 milliard d’aluminium au producteur russe ce qui correspond à peu près à 450 000 tonnes. Pour l’instant, l’aluminium russe n’est pas sous sanction.

❚ L’ONG Swissaid estime que les échanges illégaux d’or issu de l’orpaillage clandestin représentent entre 321 et 474 tonnes par an : en 2022, 435 tonnes seraient ainsi sorties d’Afrique transitant pour l’essentiel par Dubai puis par la Suisse.

❚ La situation en Nouvelle-Calédonie aggrave un peu plus les perspectives des usines de nickel. Les mines étant paralysées, l’approvisionnement en minerai est à l’arrêt. Doniambo, l’usine de la SLN avait à peine une dizaine de jours de stock.
❚ Stellantis et Vale vont investir dans une unité métallurgique de production de nickel de qualité batteries en Indonésie avec le chinois Huayou. Ford a déjà investi en Indonésie avec Vale et Huayou dans un projet de $ 4,5 milliards.

❚ Pierre Andurand, jamais avare de pronostics haussiers, envisage que dans les prochaines années, le prix du cuivre puisse quadrupler à $ 40 000 la tonne !

❚ Ceci étant, l’AIE va un peu dans le même sens. Pour le cuivre, elle estime que les mines existantes et les projets en cours ne couvriront que 70 % de la demande en 2030. Pour le lithium, cela ne représenterait que 50 %. Au total, les investissements miniers nécessaires seraient de $ 800 milliards d’ici 2040.

❚ Le Séant américain a voté un projet de loi interdisant l’importation d’uranium enrichi en provenance de Russie. La Russie couvre actuellement 25 % des besoins américains pour $ 1 milliard. Rosatom représente 45 % de la capacité mondiale d’enrichissement d’uranium.

Grains

❚ Les perspectives d’augmentation de la production brésilienne de soja ne cessent de s’améliorer. D’après la CONAB, le Brésil produirait en 2023/2024, 147,6 Mt. le Brésil produirait aussi 111,6 Mt de maïs en forte baisse par rapport à la production exceptionnelle de la campagne précédente (131,9 Mt).

❚ La forte remontée des prix du blé (+ 30 % en avril et mai) a surpris nombre d’acheteurs : sur l’Asie, le blé de mer Noire de la nouvelle campagne est passé de $ 250 à $ 300 la tonne (cf). De plus, l’inde devrait reprendre ses importations et supprimer les droits de 40 % à l’importation. La hausse des prix du blé par rapport au maïs ($ 2 le boisseau de plus) va limiter la demande pour l’alimentation animale.

❚ L’Ukraine a exporté un record de 5 Mt de céréales en mai. Sur 2023/2024, on en est à 46,4 Mt (au 29/5) contre 44,9 Mt l’année précédente : 172 Mt de blé, 26,2 Mt de maïs, 2,4 Mt d’orge. De son côté, l’UE a exporté à fin mai, 27,8 Mt de blé tendre (– 4 %). Pour 2024/2025, la production ukrainienne devrait diminuer à 74,6 Mt d’après l’UGA : 19,1 Mt de blé, 25,5 Mt de maïs…

❚ La Chine se donne des objectifs ambitieux d’autosuffisance alimentaire pour passer de 84 % en 2021/2023 pour les grains à 92 % en 2033. Cela se traduirait par une baisse de 75 % des importations de maïs (à 6,8 Mt) et de 60 % pour le blé (à 4,85 Mt), de 21 % pour le soja (à 78,7 Mt). Ces objectifs contrastent avec les projections de l’USDA qui voit au contraire les importations de soja augmenter de 39 % et celles de blé diminuer seulement de 20 %.

❚ D’après IKAR, la production russe de blé en 2024 ne serait plus que de 83,5 Mt en 2024 et les exportations de 45 Mt. C’est la conséquence à la fois de gelées et de sécheresse.

❚ L’UE a décidé de taxer les importations européennes de céréales et oléagineux russes :
95 euros la tonne pour les céréales et 50 % pour les oléagineux. En 2023, la Russie avait exporté 4,2 Mt de grains vers l’UE. Le Belarus est aussi concerné.

❚ La mousson est arrivée en Inde ! L’État de Kerala l’a enregistrée le 30 mai.

❚ La Russie va déclarer un état d’urgence à la suite des gels de mai qui ont affecté les principales régions agricoles du pays affectant les grandes cultures, mais aussi l’arboriculture. Sovecon a réduit sa prévision de production de blé à 80,7 Mt contre une estimation précédente de 85,7 Mt. Certains analystes parlent même d’une récolte à 75 Mt. En effet, des pluies abondantes ont ralenti les semailles de blé de printemps en Sibérie.

❚ L’Australie par contre affiche des perspectives plus prometteuses. D’après l’ABARES, la production de blé pour 2024/2025 serait de 29,1 Mt (+ 12 %), celle d’orge de 11,5 Mt (+ 7 %). La production de pois chiches (chickpeas) doublerait à 1,1 Mt avec la perspective de réouverture du marché indien.

❚ La hausse des prix du blé se traduit pour les achats algériens : début mai, l’OAIC avait payé $ 249 la tonne cf pour 300 000 tonnes. Début juin, elle a acheté 800 000 tonnes à $ 279 soit $ 30 la tonne de plus.

Produits agricoles tropicaux

❚ Dreyfus estime que le marché du sucre sera excédentaire de 800 000 tonnes en 2024/2025 après 2,5 Mt en 2023/2024.

❚ Le GASC égyptien a acheté 250 000 tonnes de sucre brut à $ 469 la tonne cif. Les cinq achats ont été faits à Tereos, Dreyfus, Viterra et Cofco.

❚ Le Cocobad du Ghana va emprunter $ 1,5 milliard pour financer la campagne 2024/2025 du cacao. La production devrait remonter à 810 000 tonnes.

❚ L’UE n’importera sur 2024 « que » 260 000 tonnes de sucre ukrainien. Avant la guerre, le contingent était de 20 000 tonnes. Sur la campagne 2022/2023, on était à 420 000 tonnes et sur 2023/2024 à
700 000 tonnes !

❚ Pierre Andurand, le gérant d’un hedge fund basé à Malte, célèbre pour ses anticipations sur le pétrole, joue la hausse des prix du cacao et n’hésite pas à imaginer un prix de $ 20 000 la tonne ! Ceci étant, il s’était lourdement trompé sur le pétrole en 2023.

❚ Grâce à la bonne conjoncture du marché du sucre en Europe, Cristal Union a annoncé un prix des betteraves record pour la campagne 2023 à € 51,42 la tonne (+ 18,5 %).

❚ A New York, le jus d’orange congelé se rapproche des $ 5/lb, soit le double du prix de mai 2023. La production s’est effondrée en Floride et est en baisse de 25 % au Brésil avec le développement du « citrus greening ». En Floride, la production n’est plus que de 17 millions de « boîtes » contre 240 millions il y a vingt ans. Le Brésil produit 232 millions de boîtes. Dans les pays consommateurs comme le Japon, on commence à utiliser des mandarines !