Energie
❚ L’OPEP a décidé d’accélérer le processus de libération des quotas de pétrole. En mai, ce sont
411 000 bj qui devraient être ajoutés contre
135 000 bj normalement prévus. Ceci est lié aux dépassements affectifs de nombre de pays, le Kazakhstan bien sûr, mais aussi les EAU, le Nigeria et le Gabon.
❚ L’Inde envisage d’annuler ses taxes sur les importations de GNL américain de manière à les augmenter et à satisfaire un peu Donald Trump. L’Inde dégage un excédent commercial de $ 45 milliards avec les États-Unis. Elle importe 27 à 28 mt de GNL, dont un quart à peu près provient des États-Unis.
❚ Le sondage de Mars de Reuter donne un prix moyen du pétrole de $ 72,94 pour le baril de Brent (contre $ 74,63 en février). Le WTI vaudrait en moyenne en 2025 $ 69,16.
❚ Dans leurs sanctions sur l’Iran, les États-Unis ont visé des importateurs chinois de pétrole : deux raffineurs et pétrochimistes, des « teapots refineries » du Shandong.
❚ Par contre, l’administration a donné son feu vert pour le financement par l’US Exim Bank du projet de Total Énergies pour la production de GNL au Mozambique avec un prêt de $ 4,7 milliards.
❚ La Russie utilise, semble-t-il, la manière forte pour faire rentrer le Kazakhstan dans le rang et faire respecter un peu mieux ses quotas de production du pétrole. Le terminal du Caspian Pipeline Consortium sur la mer Noire est en partie fermé pour des raisons « techniques ».
❚ Les États-Unis ont obligé l’Irak à renoncer à acheter de l’électricité à l’Iran et probablement aussi du gaz naturel (la facture annuelle pour le gaz est de l’ordre de $ 4 à $ 5 milliards). De ce fait, l’Irak devrait louer un FSRU pour importer du GNL du Qatar.
❚ Dans le golfe « du Mexique », on assiste à des tensions sur le coût de la liquéfaction du gaz. Venture Capital cherche à renégocier ses contrats pour passer de $ 2,25 le mbTU à $ 4. Pour l’instant les « liquefaction fees » sont de l’ordre de $ 2,50.
❚ L’EIA américaine prévoit des productions record des États-Unis en 2025 : 13,61 mbj de pétrole
(13,22 en 2024), 105,2 bcfd (milliards de pieds cubes de gaz/jour) contre 103,2 en 2024. Par contre, plusieurs dirigeants pétroliers ont estimé que la production américaine de pétrole atteindrait un plateau vers 2030.
❚ En février l’OPEP+ avait déjà augmenté sa production de pétrole de 363 000 bj à 41,01 mbj. Le Kazakhstan à lui seul a augmenté sa production de près de 100 000 bj et dépasse en fait son quota de 300 000 bj. En février, le Kazakhstan à produit
1,767 mjb pour un quota de 1,468 mbj ! L’OPEP maintient sa prévision de croissance de la demande mondiale à 1,45 mbj en 2025 et 1,43 mbj en 2026. Normalement, après l’augmentation d’avril, l’OPEP+ va augmenter encore de 135 000 bj sa production en mai. Prochaine réunion du comité ministériel de l’OPEP+ le 5 avril…
❚ Les États-Unis renforcent leurs sanctions sur le Venezuela : leur pays achetant du pétrole au Venezuela verra ses exportations vers les États-Unis taxées à 25 %, par contre, Cheron a jusqu’à la fin mai pour liquider ses opérations au Venezuela. Plus de la moitié des exportations vénézuéliennes va en Chine (503 000 obj en février). Les États-Unis ont aussi renforcé leurs sanctions sur l’Iran : en février la Chine a importé 1,43 mbj de pétrole iranien, et d’après Kpler, on pourrait atteindre 1,4 mbj en Mars. Officiellement le pétrole iranien importé par la Chine provient… de Malaisie !
❚ Les États-Unis seraient proches de leur « peak oil », en termes de production de pétrole. Le bassin du Permien (6,5 mbj de production) serait en voie d’épuisement et la croissance de la production commence à diminuer. Dans le Permian, le « breakdown » était en moyenne de $ 65 le baril en 2024, en hausse de $ 4 en un an.
Métaux
❚ Donald Trump veut utiliser les terrains des bases militaires pour développer des unités de raffinage de métaux stratégiques.
❚ La menace de taxes américaines sur les importations de cuivre a fait flamber la prime du CME sur le LME jusqu’à $ 1 000 la tonne. Des tonnages importants sont partis vers les États-Unis.
❚ La guerre civile en RDC a un impact sur le marché de l’étain avec la fermeture de la mine de Bisie (Alphamines Resources) qui a produit 17 300 t en 2024 (6 % de la production mondiale). Bisie est dans le nord du Kivu et c’est la seule mine « officielle » du secteur à côté de « coopératives » informelles.
❚ Donald Trump serait sur le point de signer un « executive order » autorisant l’exploitation minière des fonds marins, y compris dans les eaux internationales malgré les réticences de l’International Seabed Authority (ONU).
❚ Nombre de « petits » métaux sont en proie à de fortes tensions liées pour l’essentiel à la Chine. Ainsi l’antimoine est passé de $ 15 000 à $ 56 000 la tonne en Europe après la mise en place de restrictions chinoises à l’exportation en septembre 2024. Le prix du rhénium a doublé avec des achats chinois massifs ($ 1 900/kg). Par contre le lithium reste dans de basses eaux ($ 10 000 la tonne et le chinois Tianqi Lithium a annoncé $ 1 milliard de pertes en 2024, tout comme le chilien SQM qui a perdu $ 400 millions.
❚ Une histoire se termine, celle de l’acier au Royaume-Uni. Les derniers hauts fourneaux, ceux de Scunthorpe de British Steel (contrôlée par le chinois Jingye), devraient fermer après ceux de Port Talbot de Tata Steel. En 2024 le Royaume-Uni avait produit 4 mt d’acier.
❚ L’UE va soutenir 47 projets miniers et métallurgiques sur des produits comme le graphite, le lithium, le cobalt… La BEI aurait € 2 milliards de subventions disponibles.
❚ Les États-Unis se donnent des pouvoirs exceptionnels pour relancer la production de métaux critiques sur la base du Defence Production Acte de 1950… En moyenne, il faut 29 ans aux États-Unis pour obtenir un permis minier et seulement trois mines ont été ouvertes depuis 2022. Le projet le plus important est celui de Resolution (Arizona) de Riotinto de BHP en partie sur des terres sacrées des Indiens apaches.
❚ Les tarifs sur l’acier ont apporté du baume au cœur de la sidérurgie américaine.
❚ L’or à $ 3 100 l’once, soutenu aussi par la crainte de taxes américaines et un flux de l’Europe vers les États-Uni.
❚ Tensions sur le cuivre aux États-Unis à la suite des menaces de Trump. À New York un record a été battu à $ 5,22 la livre. La question est de savoir quels seront les tarifs appliqués et on parle de 25 %.
Grains et agriculture tempérée
❚ L’agriculture américaine souffre. Malgré les aides exceptionnelles, sur 2025/26, les pertes attendues (après amortissements et fermages) seraient de
$ 151/ha de maïs et $ 133/ha de soja. Les aides directes passeraient de $ 9,6 milliards en 2024 à
$ 42,4 milliards en 2025.
❚ Forte chute des prix du riz à $ 405 la tonne pour le Thai B (contre $ 69 en janvier 2024) provoqués par le retour de l’Inde qui exploiterait 21,5 mt sur 2024/25 contre 14 mt en 2023/24 (sur un marché mondial de 54 mt). Le Pakistan devrait voir ses exportations diminuer de 11 %.
❚ D’après le ministère de l’Agriculture, l’Inde devrait produire un record de 115,4 mt de blé après 113,3 mt en 2024. Ceci étant, des estimations privées tablent sur une réalité inférieure de 6 % au point que l’on se demande si l’Inde ne va pas devoir importer la production de riz d’été serait de 120,7 mt, celle de colza de 12,9 mt et celle de pois chiche de 11,5 mt.
❚ Le Canada est confronté – au 20 mars – à des taxes de 100 % sur l’huile et le tourteau de colza. À cela, il faut potentiellement ajouter les taxes américaines, ce qui perturbe les perspectives d’emblavements. D’après Statistics Canada à la mi-mars, les prévisions étaient de 21,6 millions d’acres pour le colza (canola), 27 millions pour le blé,
6,4 millions pour le blé dur, 3 millions d’avoine,
6,3 millions d’orge, 4,4 millions de lentilles et
3,5 millions de pois.
❚ D’après France Agrimer, la France n’exportera que 3,2 mt de blé en 2024/25 (– 69 %) en dehors de l’UE. Sur l’UE les exportations seront quand même à peu près doublées à 6,20 mt. Par contre, les exportations d’orge en dehors de l’UE augmenteraient à 2,2 mt.
❚ Le CIG anticipe une production mondiale de maïs de 1 269 mt en 2025/26 (1 217 mt en 24/25). La production américaine attendrait 394 mt (377 mt), le Brésil 120 mt (123 mt), l’Ukraine 30 mt (26 mt). La production de blé serait de 807 mt (799 mt) avec un rebond de l’UE à 132 mt (119 mt).
❚ Sur les deux premiers mois de l’année, les importations chinoises de soja américain ont bondi de 84 % à 9,13 mt contre 4,96 mt en 2024. Au total la Chine a importé 13,61 mt (+ 4,4 %).
❚ La crise des œufs fait la une aux États-Unis avec 53,6 % de hausse des prix en février. Les États-Unis ont doublé leurs importations du Brésil.
❚ L’agriculture américaine pourrait être la première victime des « droits d’escale » des navires construits en Chine : en 2024, 46 % des importations d’engrais des États-Unis l’ont été sur des navires « chinois ». À l’exportation le coût supplémentaire serait de
27 cents le boisseau pour le soja, par exemple.
Produits tropicaux
❚ Les États-Unis vont réduire leurs importations de sucre : 2,8 mt (tonnes courtes de sucre brut) en 2024/25 d’après l’USDA après 3,8 mt en 2023/24. Le Mexique exporterait 500 000 tonnes contre
621 000 tonnes. Les États-Unis produisent 9,4 mt de sucre généreusement subventionné.
❚ Pour la saison 2024/25, les exportateurs indiens avaient signé pour 600 000 tonnes d’exportations de sucre à la mi-mars sur un quota accordé en janvier de 1 mt. La production indienne serait en 2024/25 de 25,8 mt pour une consommation estimée à 29 mt.
❚ Rechute impressionnante des prix du jus d’orange congelé avec la baisse de la demande pour des problèmes de qualité et la perspective de reprise de la production du Brésil (+ 20 % d’après Rabobank).
❚ Sur le marché du sucre, si l’on s’entend sur le déficit du marché, la fourchette est large quant à son ampleur de 2 mt pour Sand P à 4,9 mt pour l’ISO.
❚ D’après l’USDA, la production de cacao au Ghana augmenterait en 2025/25 de 32 % à 700 000 tonnes, loin quand même du million de tonnes de 2021/22.
❚ En Côte d’Ivoire, la « petite » récolte de cacao qui commence le 1er avril serait inférieure de 40 % à la normale. On parle de 280 000 à 300 000 tonnes contre une moyenne décennale de 550 000 tonnes et 500 000 tonnes en 2024. Ceci est dû à la sécheresse qui domine depuis novembre.
Fret
❚ Les « droits d’escale » proposés par l’administration américaine provoquent un véritable séisme. D’après Clarcksons, 37 000 escales avec un droit moyen de $ 1,5 million seraient concernées, soit 53 % des porte-conteneurs et 30 % des tankers auxquels il faut ajouter les méthaniers, les vraquiers et les ro-ro (voitures). Un porte-conteneurs de Cosco (Chine) paierait $ 3,5 millions par escale, mais, pour CMA-CGM, la facture serait de $ 2,7 millions.