Energie
❚ En octobre, la Chine n’a importé que 10,53 mbj de pétrole, 1 mbj de moins qu’un an plus tôt et 500 000 bj de moins qu’en septembre. Sur les dix premiers mois de l’année, le raffinage de pétrole est en baisse de 2 % à 14,14 mbj. Par ailleurs, la production domestique est en progression de 2 % à 4,25 mbj.
❚ L’EIA américaine a réévalué ses estimations de production de pétrole aux États-Unis à 12,23 mbj en 2024 (+ 300 000 bj) et 13,53 mbj en 2025. Pour la production mondiale, ses estimations sont de 102,6 mbj et 104,5 mbj respectivement. Pour la demande, l’EIA table sur une croissance de 1 mbj en 2024 plus proche de la prévision de l’AIE (920 000 bj) que de celle de l’OPEP (1,82 mbj). L’AIE se son côté, anticipe un excédent mondial de pétrole de l’ordre de 1 mbj en 2025. la demande augmenterait de 990 000 bj alors que l’offre non-OPEP+ progresserait de 1,5 mbj. L’AIE estime en particulier que la demande chinoise n’aura augmenté que de 140 000 bj en 2024.
❚ La part de marché de l’OPEP+ dans la production mondiale de pétrole n’est plus que de 48 % contre 55 % en 2016 lorsque le groupe s’est formé. La seule part de l’OPEP n’est plus que de 25 %, dont 9 % pour l’Arabie saoudite. D’après les estimations de Rystad au Moyen-Orient est de $ 27 le baril conte $ 45 en Amérique du Nord. En novembre, l’OPEP a produit 26,5 mbj, en hausse de 180 000 bj sur octobre, du fait, en particulier, de l’augmentation de la production libyenne.
❚ Le spread entre le prix du gaz naturel aux États-Unis (Henry Hub) et en Europe (le TTF) a augmenté de 30 % sur 2024 : de $ 8 le btu, il est passé pour les premières échéances de 2025 à $ 11. À ce niveau, la base TTF est $ 2 plus élevée que celle des contrats classiques de GNL indexés sur le prix du baril de Brent. Mais sur le marché spot, on est plutôt à $ 14,50 (sur l’Égypte par exemple).
❚ Les milieux pétrole/gaz américains sont aux anges avec les nominations de l’administration Trump qui semblent largement inspirées par le magnat du pétrole Harold Hamm (Continental Resources) : Doug Burgum, gouverneur du Dakota du Nord comme secrétaire à l’intérieur et « energy tsar », Chris Wright (Liberty Energy producteur de gaz et de pétrole de schiste) comme secrétaire à l’énergie, Lee Zelain (un représentant de New York plutôt climatosceptique) comme patron de l’Environmental Protection Agency. On s’attend en particulier à un feu vert sur le gazoduc Keystone, à l’approbation de projets de GNL à l’export, à de nouvelles autorisations de forages sur les terres fédérales et offshore.
❚ En Europe, la crainte de la fin des livraisons des derniers contrats avec la Russie a fait remonter les prix du gaz proches de € 50 le MWh (soit $ 15 le mbtu) en hausse de 40 % de septembre à novembre. En novembre, l’Europe aura importé 9,16 Mt de GNL, dont 4,32 Mt des États-Unis.
❚ Le conflit entre Gazprom et l’autrichien OMV remet en cause une relation de fourniture de gaz naturel de plus de cinquante ans. Même pendant la crise, Gazprom avait continué de fournir à l’OMV du gaz à plus de la moitié du prix spot européen. Ceci étant, Gazprom continue à vendre du gaz au slovaque SPP qui en revend une partie à OMV.
❚ A priori, les importations américaines de pétrole en provenance du Canada et du Mexique n’échapperont pas aux 25 % de taxes douanières annoncées par Donald Trump. En 2024, les États-Unis ont importé 4 mbj du Canada et 1,2 mbj du Mexique. Ces pétroles sont nécessaires pour l’équilibre technique des raffineries américaines.
❚ La plupart des analystes s’accordent à estimer que le « peak oil chinois » est proche ou même déjà dépassé. C’est déjà une quasi-certitude pour les carburants (essence et surtout diesel). Le consultant FGE parle d’un pic à 11,2 mbj de pétrole en 2025. S and P Commodities le situerait plutôt à 2027. Si l’on prend en compte tous les liquides utilisés aussi dans la pétrochimie (naphta, LPG, éthane), ce pourrait être 2030. C’est le scénario de l’AIE qui situe alors la demande totale à 18,1 mbj (1,5 mbj
de plus qu’en 2023). En 2024, d’après Rystad, la demande chinoise n’aura augmenté que de
108 000 bj.
❚ Une des raisons des tensions sur le marché européen du gaz est la diminution de la production d’énergie éolienne (– 25 % en octobre et novembre) en Allemagne du fait de l’absence de vent. Ceci a poussé à l’utilisation de gaz (+ 79 % en novembre).
❚ L’OPEP+ a décidé de repousser à avril toute augmentation des quotas de pétrole. Les 2,2 mbj concernés ne seraient plus relâchés que sur une période de dix-huit mois. Les Émirats ont aussi accepté de renoncer à leur propre augmentation de 300 000 bj.
Minerais et métaux
❚ Codelco devrait produire 1,3 Mt de cuivre en 2024, une légère hausse de 0,5 % par rapport à 2023. Codelco touche le fond après près de vingt-cinq ans de baisse de sa production, mais l’entreprise reste en crise.
❚ Le développement de l’exploitation des fonds sous-marins (deep-sea mining) semble bloqué en Norvège par un parti écologiste qui conditionne son soutien au gouvernement à l’abandon des premiers appels d’offres.
❚ On parle de plus en plus de l’absence de sécurité dans les usines indonésiennes de nickel contrôlées par les chinois, notamment Tsinshan. Plusieurs accidents du travail mortels sont intervenus dans le parc industriel de Morawali (sur l’île de Sulawesi).
❚ Le négociant Wogen Resources a signé un contrat pour la commercialisation de la production d’antimoine de la mine australienne de Hillgrove qui produira 5 400 tonnes par an (7 % de la production mondiale).
❚ La Chine a décrété un embargo d’exportations de gallium, de germanium et d’antimoine vers les États-Unis.
❚ Sur les neuf premiers mois de 2024, le marché du zinc a été en léger déficit de 7 000 tonnes (372 000 tonnes d’excédents en 2033, d’après l’ILZSG. la production minière a baissé de 3,7 %. Le plomb a été en déficit de 15 000 tonnes. Pour le cuivre, l’ICSG annonce un excédent de 359 000 tonnes.
❚ Le marché du cobalt est de plus en plus déprimé à un peu plus de $ 24 000 la tonne retrouvant son niveau du début du siècle avant l’euphorie des véhicules électriques. Il est vrai que la montée en puissance des batteries LFP (sans cobalt) a réduit les perspectives de croissance de la demande alors que l’offre augmentait sous l’impulsion du chinois CMOC et de Glencore.
❚ Malgré une légère reprise de sa production en octobre, la Chine a produit sur les dix premiers mois de l’année 850 Mt d’acier, en baisse de 3 % par rapport à 2023.
❚ Fortes tensions sur le marché de l’alumine, en hausse de 70 % depuis le début de l’année ($ 780 la tonne sur le marché chinois). Sur un marché mondial de 140 Mt (en 2023), la Chine est même devenue un exportateur net.
❚ La Chine a décidé de mettre un terme au remboursement de TVA à l’exportation qui profitait aux exportations de cuivre et d’aluminium. Cela représentait une subvention déguisée de 13 % pour les produits semi-manufacturés, ce qui représentait en 2033, 5,2 Mt d’équivalent aluminium et plus encore en 2024 (4,62 Mt sur les neuf premiers mois), et 700 000 tonnes pour le cuivre. Le prix de l’aluminium a chuté à Shanghaï et remonté à Londres… La mesure chinoise concerne aussi les produits pétroliers raffinés, les panneaux solaires, les batteries… là, le taux a seulement baissé de 13 % à 9 %.
❚ Goldman Sachs voit le prix de l’or dépasser les
$ 3 000 l’once d’ici la fin de 2025 (à la veille de la victoire de Trump, son prix record était de $ 2787).
❚ Le prix de l’uranium, en baisse depuis février (de $ 106 à $ 76/lb pour le marché spot), pourrait commencer à rebondir d’après certains analystes du fait de l’éventuel embargo sur l’uranium russe.
❚ D’après le World Platinum Investment Council, le marché mondial du platine sera déficitaire en 2025 pour la troisième année consécutive à 539 000 onces contre 682 000 onces en 2024. la production minière baisserait de 2 % compensée en partie par une augmentation de 12 % du recyclage.
❚ L’Arabie saoudite investit dans les métaux. L’indien Vedanta va construire une raffinerie de cuivre de
400 000 tonnes de capacité. Le chinois Zijin va investir dans une capacité de 100 000 tonnes de zinc. D’autres investissements portent sur des terres rares et du platine.
❚ À l’horizon 2030, l’Amérique latine devrait conserver sa position de leader dans la production mondiale de cuivre. En termes de réserves d’après l’US Geological Survey, le Chili est en tête avec 190 Mt devant le Pérou (120) et le Mexique (53). La RDC en détiendrait 80 Mt et la Zambie 21 Mt.
Grains et agriculture tempérée
❚ Dans les statistiques céréalières russes, on peut estimer que 5 Mt (dont 4 Mt de blé) proviennent des régions d’Ukraine sous contrôle russe.
❚ Les stocks de riz en Inde ont atteint un niveau historique de 29,7 Mt en particulier grâce aux restrictions à l’exportation mises en place depuis deux ans. Cette année, l’organisme d’État, la Food Corporation of India, devrait acheter 48,5 Mt de riz d’été, ce qui risque de poser des problèmes de stockage.
❚ En attendant l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche et le déclenchement d’une probable guerre tarifaire, la Chine augmente avec frénésie ses achats de soja américain : 541 000 tonnes en octobre 2024 contre 228 000 tonnes en octobre 2023. Ceci étant, sur janvier-octobre, la Chine n’aura importé que 5,33 Mt des États-Unis contre 67,8 Mt en provenance du Brésil.
❚ D’après le CIG, la production mondiale de blé serait de 796 Mt en 2024/2025, en légère baisse du fait de la forte diminution de la production européenne (120 Mt contre 133 Mt). La production mondiale de maïs serait de 1 225 Mt et celle de soja de 419 Mt, en nette progression par rapport aux 396 Mt de l’année précédente.
❚ La Thaïlande, deuxième exportateur mondial de riz a expédié 8,37 Mt sur les dix premiers mois de l’année (+ 20 %). Pour relancer la production, une subvention exceptionnelle de $ 1,1 milliard va être accordée aux agriculteurs.
❚ Pour lutter contre l’inflation, la Russie devrait réduire ses quotas d’exportation de blé entre le 15 février et le 30 juin à 11 Mt contre 29 Mt en 2024. Sur 2024, la hausse des prix a été de 13 % pour le pain, de 32 % pour le beurre, de 80 % pour les pommes de terre. Il est vrai que les exportations russes ont été très soutenues : 3,7 Mt en novembre !
❚ Au début novembre, l’Union européenne n’avait exporté que 8,43 Mt de blé (11,9 Mt à cette époque en 2023) dont seulement 1,6 Mt pour la France (boycottée en Algérie).
❚ Flambée générale des prix des huiles : le palme est à $ 1 400 la tonne, le colza à $ 1 250 et le tournesol bat des records à $ 1 300 sur fond d’incertitudes ukrainiennes. Et la Chine a supprimé ses aides à l’exportation d’huiles de friture !
❚ L’accord avec le Mercosur représenterait pour l’UE 1 Mt de maïs de contingent supplémentaire. Il faut y ajouter 100 000 tonnes (tec) de viande bovine (surtout de l’aloyau) et 180 000 tonnes de volailles (pour l’essentiel des filets de poulets).
❚ D’après l’ABARES, l’Australie produira 31,9 Mt de blé en 2024/2025, 23 % de plus que l’année précédente et 20 % de plus que la moyenne décennale. L’Australie produirait aussi 11,7 Mt d’orge (+ 8 %) et 5,6 Mt de colza (+ 8 %).
Produits tropicaux
❚ La Thaïlande devrait battre un record d’exportation de sucre en 2024/2025 pour atteindre 10 Mt (5,3 Mt en 2023/2024) d’après les prévisions de Czarnikov et de l’USDA.
❚ Tensions aussi sur le cacao qui atteint plus de $ 9 000 la tonne à New York (+ 45 % depuis un plus bas le 20 octobre). Depuis le début 2024, la hausse est de 120 % ! Une météo médiocre en Afrique de l’Ouest explique cette nouvelle hausse après trois années de campagne mondiale déficitaire. Citi envisage même un pic possible à $ 16 000 la tonne, mais toutefois un prix moyen de $ 7 800 en 2025, de $ 5 500 en 2026, le double quand même des prix des deux premières décennies du XXIe siècle !
❚ A priori, l’Inde ne devrait pas exporter de sucre. Aucun quota d’exportation n’a été accordé et tout surplus éventuel devrait être affecté à la production d’éthanol pour atteindre l’objectif de 20 % d’incorporation du bioéthanol dans l’essence en 2025.
❚ L’accord avec le Mercosur se traduirait par des contingents supplémentaires à droit nul de
190 000 tonnes de sucre et 8,2 mhl d’éthanol. Cela représenterait l’équivalent de la production de
50 000 hectares de betteraves.
❚ D’après les opérateurs locaux, les arrivées de cacao dans les ports en Côte d’Ivoire seraient inférieures de 15 % aux années normales avec de fortes pluies depuis octobre.
❚ Le prix du café flambe ! Après le Robusta, c’est l’Arabica qui fait la une (+ 70 % depuis le début de l’année). Sécheresse et pluies au Brésil expliquent en partie la situation qui fait suite à la sécheresse au Vietnam.