Energie
❚ Avec la vague de fusions et acquisitions récentes, le bassin du Permian qui produit 12,1 mbepj (pétrole et assimilé) se concentre de plus en plus et 10 entreprises en réalisent 6,4 mbj. Les principaux acteurs sont désormais Exxon, Chevron, Diamond back et occidental. Le breakeven actuel est de $ 30/$ 35 le baril et il y aurait encore $ 5 de marge à la baisse.

❚ En Europe aussi les prix du gaz ont diminué pour dépasser à peine les € 20 sur le TTF. Début mars, les stocks étaient pleins à hauteur de 62 % contre 41 % en moyenne entre 2011 et 2020.

❚ D’après l’EIA américaine, la production américaine de pétrole n’augmenterait que de 170 000 bj en 2024 contre une progression de 1,02 mbj en 2023. Après un record de 13,3 mbj en décembre, la production a diminué à 12,6 mbj en janvier.

❚ Sur l’année 2023, les cinq majors de l’énergie ont distribué un record de $ 111 milliards de dividendes (contre une moyenne de l’ordre de $ 50 milliards entre 2017 et 2021).

❚ Le marché mondial du carbone a représenté $ 881 milliards en 2023 (+ 2 %) pour 12,5 milliards de tonnes de CO2. Le marché européen représente 87 % du total. Alors qu’en Europe, le marché a fini l’année en baisse à € 60 la tonne, on en est loin aux États-Unis ($ 39 et $ 15 suivant les régions) et en Chine ($ 11).

❚ L’OPEP maintient sa vision optimiste sur la demande de pétrole qui augmenterait de 2,25 mbj en 2024 et de 1,85 mbj en 2025. Rappelons que l’AIE prévoit seulement 1,2 mbj en 2024. La différence (1 mbj) est une des clés du marché du pétrole dans les mois à venir. L’AIE prévoit une augmentation de l’offre de 1,7 mbj à 103,8 mbj. Pour l’AIE, le marché serait en 2024 excédentaire de 900 000 bj.

❚ Les grands pétroliers raisonnent sur des prix du pétrole de l’ordre de $ 30 le baril en termes de coûts de production. Ce sont les niveaux intégrés dans les transactions les plus récentes aux États-Unis.

❚ D’après Shell, la demande mondiale de GNL augmentera de 50 % d’ici 2040 pour atteindre 625/685 Mt. En 2024, la Chine importerait 80 Mt (70 Mt en 2023). En 2023, 404 Mt ont été échangés à l’échelle mondiale d’après Kpler. À lui seul, le Qatar prévoit une augmentation de capacité à 142 Mt en 2030, contre 77 Mt en 2024. À terme, le Qatar représenterait le quart du marché mondial du GNL.

❚ La douceur de l’hiver américain a poussé les prix du gaz naturel sur le marché domestique à leur plus bas historique depuis le début de la cotation sur le marché à terme en 1990 : $ 1,58 le mbtu !

❚ En 2023, la Chine a autorisé la constitution de 114 GW de capacités de centrales à charbon, soit 10 % de plus qu’en 2022. En deux ans, cela fait 218 GW, soit l’équivalent de la consommation du Brésil.

❚ Les importations de charbon vapeur de l’Inde devraient diminuer en 2024. De 176 Mt en 2023, elles devraient baisser à 160 Mt du fait de l’augmentation de la production de CoalIndia. Le marché mondial en 2024 serait excédentaire sauf si la Chine…

Grains
❚ Les exportations agricoles américaines ont atteint $ 191 milliards en 2023, en baisse de 10 % par rapport au record de 2022. La baisse la plus forte est celle des produits en vrac, des matières premières (soja, céréales, coton…) avec – 17 %. Là où le Brésil a exporté 158 Mt de soja et de maïs, les États-Unis n’en ont exporté que 94 Mt.

❚ Les conditions climatiques semblent parfaites pour la « seconde » récolte de maïs au Brésil. Le maïs est semé fin février juste après la récolte du soja. Des estimations pour 2024 portent sur 91,2 Mt sur 16,3 millions d’hectares.

❚ L’Ukraine est en passe d’exporter tous les grains disponibles sur la campagne 2023/2024, soit quelques 50 Mt. Au 9 février, on était déjà à 25,2 Mt avec un rythme mensuel de 6 Mt.

❚ La Russie a exporté gratuitement 200 000 tonnes de grains à six pays africains : 50 000 tonnes chaque à la Somalie et à la République centrafricaine,
25 000 tonnes chaque pour le Mali, le Burkina Faso, le Zimbabwe et l’Érythrée ; une belle collection de démocraties…

Grains
❚ Fin février, on enregistrait sur le contrat du maïs à Chicago un record absolu de positions « short », à la baisse donc : plus de 340 000 contrats ! Les spéculateurs sont aussi shorts sur le soja.

❚ Baisse aussi du prix du blé : le blé russe fob mer Noire est au plus bas depuis 2020 et début mars était passé sous les $ 200 la tonne. Le marché est tiré vers le bas par la concurrence européenne. Alors que l’Algérie avait payé $ 265 la tonne cf à la mi-janvier, début mars elle a acheté à $ 227 cf. Le Matif est passé en dessous de € 200 pour le fob Rouen, le 15 février.

❚ La production indonésienne d’huile de palme devrait augmenter de 5 % en 2024 à 57,6 Mt contre 54,84 Mt en 2023. En 2023, les exportations indonésiennes ont diminué de 2,7 % à 33,2 Mt et ce devrait être à peu près le même niveau en 2024 du fait de l’augmentation de la demande intérieure.

❚ La production australienne de céréales d’hiver est finalement meilleure qu’espérée en 2023/2024. Certes, en baisse de 32 % par rapport à 2022/2023 ; elle est dans la moyenne des dix dernières années : 26 Mt de blé, 10,8 Mt d’orge et 5,5 Mt de colza.

❚ Baisse des prix du porc en Chine de 17 % sur un an en janvier. Le gouvernement s’efforce maintenant de réguler la taille du troupeau de truies (39 millions !).

❚ La Russie pourrait encore faire une excellente récolte de blé en 2024 : 93,6 Mt selon Sovecon. Le problème est qu’il reste encore 20 Mt de blé russe à exporter d’ici la nouvelle campagne. Et cela pèse sur les prix !

Minerais et métaux

❚ Le chinois CMOC a dépassé en 2023 Glencore comme premier producteur mondial de cobalt avec 55 000 tonnes pour l’essentiel en RDC. CMOC produit aussi 420 000 tonnes de cuivre et devrait encore se développer au Congo et ailleurs. Un autre chinois Tsingshan est le premier producteur mondial de nickel avec 1,12 Mt. Il a battu, par ailleurs, un record de production d’acier inoxydable à 16,28 Mt.

❚ Avec la déprime du marché du nickel, on parle de plus en plus de réduction de la production. 230 000 tonnes ont été sorties du marché, soit 6 % de la production mondiale. Le problème principal est celui de la fonte de nickel (nickel pig iron) qui se traite autour de $ 11 000 en Indonésie et à $ 12 000 en Chine.

❚ Pour la première fois depuis avril 2018, le prix du palladium est passé en dessous de celui du platine.

❚ Le groupe Wagner et l’armée malienne ont pris le contrôle de la mine d’or d’Intakaha. Wagner contrôle déjà des mines en République centrafricaine et au Soudan et, d’après le « Blood Gold report », depuis 2022, ces opérations auraient rapporté $ 2,5 milliards au Trésor russe. La Russie a signé un accord avec le gouvernement malien en novembre 2023 pour construire une raffinerie d’une capacité de 200 tonnes d’or.

❚ Avec la flambée des prix de l’uranium (à plus de $ 100), Goldman Sachs et Macquarie se lancent dans le trading physique avec des fonds qui stockent de l’uranium. Goldman Sachs propose des options sur l’uranium aux hedge funds. Depuis 2009, Goldman Sachs contrôle Nufcor, un trader en uranium qui à la fin 2022 détenait pour $ 356 millions de stocks.

❚ D’après Macquarie, le marché mondial de l’étain sera déficitaire de 5 000 tonnes en 2024 après un excédent de 6 000 tonnes en 2023. Le prix moyen de l’étain serait en 2024 de $ 28 500 la tonne. L’étain profite des besoins de l’industrie des semi-conducteurs dopés par l’intelligence artificielle. L’offre est aussi limitée par des incertitudes en Indonésie et Myanmar.

❚ Début mars, un léger vent d’optimisme souffrait sur le marché du nickel. Jim Lennon, le gourou de chez Macquarie, estime l’excédent mondial en 2024 à seulement 40 000 tonnes contre 100 000 tonnes précédemment. Un nouveau facteur semble jouer : la lenteur du gouvernement indonésien à de livrer des permis miniers dans le cadre de quotas, ce qui crée une pénurie artificielle de minerai. Ceci étant, les producteurs – notamment australiens – cherchent à se différencier de l’Indonésie et demandent au LME de coter un « nickel vert ».

Minerais et métaux
❚ D’après l’ILZSG, le marché mondial du zinc a été excédentaire de 204 000 tonnes en 2023, mais serait en fait devenu déficitaire en fin d’année. Le marché du plomb a, lui, été excédentaire en fin d’année. Le marché du plomb a lui été excédentaire de
90 000 tonnes. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer pour le plomb la place essentielle du recyclage : 4,5 Mt de production minière, 12,85 Mt de production métallurgique en 2023 ! Pour le cuivre, l’ICSG estime le déficit à 87 000 t en 2023 (sur une production minière de 22 Mt et métallurgique de 26,9 Mt). Mais Goldman Sachs anticipe pour 2024 déjà un déficit de 500 000 tonnes ! Enfin, pour le nickel, l’INSG estime l’excédent à
242 000 tonnes pour une production minière de 3,68 Mt.

❚ D’après le World Platinum Investment Council, le marché mondial du platine sera déficitaire de
418 000 onces en 2024 après 878 000 onces en 2023. La demande diminuerait de 6 % à 7,5 millions d’onces et l’offre de 1 % (3 % de baisse de la production minière, mais 7 % de hausse du recyclage).

❚ D’après Macquarie, 35 % de la production de nickel n’est plus rentable au-dessous de $ 18 000 la tonne et 75 % au-dessous de $ 15 000.

❚ La startup Ko Bold Metals financée notamment par Bill Gates et Jeff Bezos et qui utilise l’IA aurait découvert un gisement de cuivre en Zambie qui serait l’un des plus importants au monde.

❚ Si le prix de l’or a encore battu son record historique à $ 2 141 l’once, tel n’est pas le cas des valeurs des mines d’or qui ont retrouvé leurs plus bas niveaux de 2022, lorsque l’or valait $ 1 700. La hausse des prix de l’or pourrait avoir des conséquences négatives pour la demande en Inde durant la saison des mariages.

Produits agricoles tropicaux
❚ Green Pool estime le déficit mondial de sucre à 427 000 tonnes en 2023/2024 et 788 000 tonnes en 2024/2025 après un record de 8,4 Mt en 2022/2023. En clair, le marché mondial serait en équilibre précaire…

❚ D’après un sondage de Reuters, le prix du cacao se situerait en fin d’année à £ 3 700 la tonne après un record récent à £ 4 144. À New York, l’année se terminerait à $ 4 228 la tonne. Le déficit mondial serait de 375 000 tonnes pour 2023/2024 avec des estimations de production plus faibles pour la Côte d’Ivoire et le Ghana. Pour 2024/2025, le déficit anticipé serait de 135 000 tonnes. D’après le COCOBOD du Ghana, la production serait, en 2023/2024, inférieure de 40 % aux objectifs de
820 000 tonnes. La production ghanéenne serait de l’ordre de 500 000 tonnes. Courant février les prix mondiaux ont encore flambé, passant les £ 5 000 à Londres et les $ 6 000 à New York. En Côte d’Ivoire, les autorités parlent d’un recul de 20 % à 25 % autour de 1,8 Mt. L’ICCO anticipe une diminution de 10,9 % de la production mondiale à 4,45 Mt et une baisse de 4,8 % des broyages à 4,78 Mt. À la fin de la saison, les stocks seraient de 1,4 Mt, ce qui représente 29 % des broyages, un niveau qui n’a pas été atteint depuis 45 ans ! Et encore, l’ICCO est presque optimiste pour le Ghana à 580 000 tonnes. Au total, on chiffre la position longue des fonds à New York et Londres à $ 8,7 milliards.

❚ Un sondage de Reuters donne le sucre en fin d’année à 24,5 cent la livre avec un excédent de
500 000 tonnes sur la campagne 2023/2024 et un déficit de
700 000 tonnes en 2024/2025. le sucre blanc finirait l’année à $ 700 la tonne. Sur l’échéance de mars de l’ICE, 1,3 Mt a été mis en filière physique avec Wilmar à la livraison et Sucden à la réception comme principaux acteurs. L’ISO anticipe pour 2023/2024 un déficit mondial de 689 000 tonnes (contre une prévision de 330 000 tonnes en novembre) pour une production de 179,75 Mt. Mais il faut tenir compte du passage au Brésil de l’éthanol vers le sucre qui est aujourd’hui plus rentable de 60 % pour les usines. Au Brésil, c’est le maïs qui peu à peu remplace la canne pour la production d’éthanol.

❚ Le café poursuit son ascension avec un prix moyen de l’indice ICO à 181,8 cts la livre en février. Les Robustas tirent l’indice et à 153 cent sont au plus haut depuis trente ans. L’ICO anticipe pour 2023/2024 un excédent d’un million de sacs pour une production de 178 millions de sacs.