Par Philippe Chalmin

Vitol : $ 15 milliards ; Trafigura : $ 7,1 milliards ; Glencore pou sa seule partie trading : $ 6,4 milliards ; Mercuria ; $ 3 milliards… Jamais les géants du négoce international des matières premières et surtout de l’énergie, n’avaient dégagé pareils résultats. Ceux-ci font pâlir les majors du négoce agricole qui, par ailleurs, sont en première ligne dans les difficiles relations avec la Russie, premier exportateur mondial de blé (Cargill, Louis Dreyfus et Viterra-Glencore ont d’ailleurs décidé de quitter la Russie).

Pour autant, les chiffres des résultats des négociants internationaux ne devraient pas surprendre. Sur longue période en effet, la profitabilité des entreprises de négoce est directement liée à la volatilité des marchés des produits sur lesquels elles travaillent. Plus la conjoncture est tendue avec des cours à la hausse, plus grande est la volatilité avec l’intervention de nombre d’acteurs « financiers » plus sensibles aux algorithmes de leurs modèles qu’à la réalité des fondamentaux et des marchés physiques. Par son réseau d’information, par sa compréhension des marchés, le trader est presque par essence un « initié », sans que l’on parle pour autant de « délit ». Ce n’est pas un hasard si en 2022, les grands gagnants ont été les négociants en gaz – et surtout en GNL – et en électricité. Ces « nouveaux » marchés ont fait preuve d’une extraordinaire volatilité alors même que les besoins financiers liés aux appels de marge en limitaient l’accès aux acteurs les plus musclés financièrement. Paradoxalement, le négoce ne prospère jamais mieux que lorsque les prix sont élevés et fluctuent de manière importante. Les temps sont beaucoup plus durs lorsque les prix sont déprimés et l’instabilité faible.

Et puis, des temps comme ceux que le monde traverse montrent toute l’utilité de ces intermédiaires – souvent traités de parasites spéculateurs – pour assurer tous les risques liés aux échanges de matières premières : pour charger des céréales en mer Noire, pour trouver du GNL afin d’approvisionner l’Europe. Le département d’État américain ne vient-il pas de demander aux principaux traders de pétrole de continuer à travailler avec du pétrole russe afin de garantir la sécurité des cargaisons et d’éviter l’utilisation de navires « poubelles » par toutes les petites sociétés qui ont proliféré ces dernières semaines, en particulier à Dubai. Trafigura a aussi obtenu la couverture de l’assurance-crédit publique allemande pour la fourniture de GNL aux nouveaux terminaux de regazéification du nord du pays.

Au long de l’histoire, le négoce international a toujours prospéré par temps de crises et de guerres puisque son métier, beaucoup plus que celui du banquier, est de gérer des risques et d’assurer « quoiqu’il en coûte » l’adéquation dans l’espace et dans le temps entre l’offre et la demande. Il y a ainsi des cycles dans l’histoire du négoce : la crise des années soixante-dix marqua dans une certaine mesure l’apogée des « géants du grain » et puis l’invention du négoce du pétrole. La fin du siècle fut dure et nombre de noms historiques disparurent alors (André, Conti, Noble…). La crise actuelle marque un autre apogée, celle des grands de l’énergie (et aussi des métaux). À voir pour la suite ! 

Ephémérides économiques

27/2

• Accord UE/RU sur le protocole nord-irlandais
• Finlande et Suède en récession
• Bola Tinubu « élu » président du Nigeria
• Accord à l’ONU sur la protection de la haute mer
• Objectif de croissance chinois en 2023 : 5 %
• Le mois de février le plus chaud en Inde depuis 1901
• $ 1 560 milliards de dividendes versés en 2022 (+ 8,4 %)

6/3

• Grèves et agitation sociale en France (retraites)
• Rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite sous l’égide de la Chine
• La Corée du Sud autorise la semaine de 69 h !
• Faillite de la Silicon Valley Bank aux États-Unis
• L’Allemagne bloque l’abolition du moteur thermique en Europe en 2035

13/3

• Crises bancaires : États-Unis, Suisse…
• Chute du Crédit Suisse « racheté » par UBS pour 3 milliards de FS
• Extension de l’accord sur le corridor céréalier en mer Noire (60 ou 120 jours ?)
• Inflation à 100 % en Argentine
• Victoire du parti paysan (BBB) aux Pays-Bas en opposition aux réformes agricoles
• Hausse de 50 pb des taux de la BCE
• Adoption en France de la réforme des retraites par le « 49-3 »

20/3

• Xi Jinping à Moscou
• Sommets des 27 à Bruxelles
• Hausse de 25 pb des taux de la Fed
• Sommet mondial de l’eau à New York
• Crise politique en France

27/3

• Mise en examen de Donald Trump aux États-Unis
• Accord sur le Plan vert européen
• Crise politique en Israël
• Débat au Royaume-Uni sur la retraite à… 68 ans
• L’Arabie saoudite se rapproche de l’organisation de coopération de Shanghai
• Décision par l’OPEP+ de réduire ses quotas de production