Par Philippe Chalmin

En ces premières semaines de 2023 et alors que les Chinois finissent leurs vacances du Nouvel An (celui donc du lapin), les petits nuages roses semblent s’accumuler sur les perspectives économiques mondiales et par ricochet sur les marchés mondiaux. Le FMI revoit ses prévisions à la hausse (2,9 % pour le monde en 2023) alors que la Banque mondiale (avec une méthodologie un peu différente) reste pessimiste à 1,7 % pour la planète. La fourchette est large et illustre bien l’ampleur de nos interrogations que doivent d’ailleurs partager les banques centrales. Faut-il acheter le scénario rose : la page du Covid est tournée en Chine et passées les vacances, la Chine va repartir comme avant ; avec la normalisation du transport maritime (et la poursuite de la chute des taux de fret des conteneurs), les chaînes de valeur se remettent en place ; l’activité repart aussi dans les pays avancés qui profitent même d’un effet « guerre » ; le chômage baisse avec des créations record d’emploi aux États-Unis en janvier (517 000) tout comme l’inflation et les banques centrales en termineront autour de l’été de leurs exercices de hausses des taux. Le « hic » de ce scénario qui place la croissance chinoise bien au-delà de 5 % c’est que la demande en matières premières rebondit ce qui a un impact direct sur les cours du pétrole, mais surtout du gaz naturel, l’une des clefs de l’inflation européenne. Le diable est dans les détails… En tout cas, les marchés semblent acheter ce scénario : le SP 500 est en hausse en janvier de 8 % et le Nasdaq de 16 %.
L’autre scénario qui nous paraît plus réaliste ne balaie pas d’un simple revers de la main tant le risque sanitaire que les difficultés inhérentes au modèle chinois. La croissance chinoise serait plus longue à repartir et dans les pays avancés l’impact des hausses de taux se ferait sentir de manière plus forte. Le paradoxe de ce scénario est que la pression sur les produits de base serait moins forte, en particulier en ce qui concerne les achats chinois de GNL, de pétrole et de minerais et métaux.
Ces deux scénarii restent pour l’instant largement ouverts et la réalité sera probablement quelque part à mi-chemin : une reprise plus lente en Chine et par contre plus de résilience aux États-Unis et dans une moindre mesure en Europe, qui reste le maillon faible et qui est quand même aussi en première ligne d’un conflit ukrainien qui, avec le printemps, risque de prendre une dimension nouvelle.
Pour l’instant, en tout cas, les marchés réagissent de manière contradictoire à ces hésitations conjoncturelles : à la hausse pour les produits dopés par le facteur chinois (minerai de fer, étain et autres métaux, pétrole dans une certaine mesure), à la baisse là où le facteur ukrainien se banalise (gaz naturel, engrais, blé, oléagineux).
En ces temps d’incertitude, il n’est pas mauvais de méditer la morale de La Fontaine :
Chacun tourne en réalités
Autant qu’il peut ses propres songes
L’homme est de glace pour les vérités
Il est de feu pour les mensonges
(Le statuaire et la statue de Jupiter)

Ephémérides économiques

2/1

• Entrée de la Croatie dans la zone euro
• Présidence suédoise de l’UE
• Inflation de la zone euro : 9,2 %

9/1

• Manifestations anti-Lula à Brasilia
• En France : lancement du débat sur la réforme des retraites
• La Banque mondiale anticipe une croissance mondiale de 1,7 % en 2023
• Nouvelle « Politique agricole commune »
• Résultat des « six grands de Wall Street » :
$ 1 000 milliards en 2022

16/1

• Sommet de Davos
• Croissance chinoise en 2022 : 3 %
• Grève générale en France
• Estimations de décès du Covid en Chine du 8 décembre au 12 janvier : 59 938
• Inflation au Japon : 4 % au plus haut depuis 41 ans
• Interdiction des néo-cotinoïdes dans l’UE

23/1

• L’Allemagne accepte d’envoyer des Leopard en Ukraine
• Défaut du Ghana
• Élection du général Pavel en République tchèque
• Microsoft investit $ 10 milliards dans Chat GPT

30/1

• Nouvel An chinois : le lapin
• « Affaire » Adani en Inde
• Hausse des taux : 25 pb pour la Fed, 50 pb pour la BCE
• 517 000 créations d’emploi en janvier aux États-Unis : 3,4 % de chômage au plus bas depuis 53 ans
• « Mercato » record pour le football européen : € 730 millions d’achats nets pour le Premier League

6/2

• Embargo européen sur les produits pétroliers russes
• Guerre des « ballons » entre la Chine et les États-Unis