Par Philippe Chalmin

Un an après l’irruption fracassante du Covid dans la vie quotidienne de la planète, une troisième vague touche les rivages européens et américains retardant d’autant une reprise économique pourtant favorisée par force plans de relance dans une véritable débauche de « Big government » et « d’argent des autres ».
Pourtant, la vie reprend en Asie et déjà aussi en Amérique du Nord. Le résultat en est un sursaut brutal de la demande de matières premières de plus en plus attirées par l’ogre chinois qu’il s’agisse du fer, de l’aluminium, du cuivre, mais aussi des céréales et du soja et puis aussi des matières premières plastiques, du bois (plutôt vers les États-Unis dans ce cas). L’offre par contre reste insuffisante et ce décalage temporel entre offre et demande explique la persistance de prix élevés et dans nombre de cas encore de pénuries physiques avec des marchés à la merci du moindre accident qu’il s’agisse d’inondations en Australie, de vagues de froid au Texas ou de paralysie du canal de Suez.
Il est bien sûr périlleux d’anticiper quelque retour à la normale que ce soit, mais les marchés devraient retrouver quelque équilibre aux abords de l’été et ce d’autant plus que pour l’instant les perspectives climatiques et donc agricoles sont bonnes. Et en ces premiers mois de la présidence Biden, il en est presque de même sur le plan géopolitique. Certes, la nouvelle administration américaine a durci sa position face à la Russie, mais elle n’a pas encore clairement défini sa politique chinoise. Sur l’Iran non plus, la situation n’a guère évolué et il faudra probablement attendre les élections iraniennes pour que les choses évoluent dans un sens ou un autre. Pour l’instant, en tout cas, l’Inde et la Chine profitent pour importer du pétrole iranien en toute impunité. Au lendemain des réunions de l’Assemblée nationale, la Chine par contre durcit ses discours à l’image de certains de ses « diplomates ». Elle maintient aussi ses « sanctions » vis-à-vis de l’Australie sans toutefois toucher au produit le plus emblématique, le minerai de fer. La Chine en a trop besoin pour cette année du « buffle d’acier » !
Et puis, en ces temps de pandémie convenons qu’il y a un peu de temps pour la folie : celle du bitcoin par exemple qui a dépassé les $ 50 000, ce qui permet de s’acheter une Tesla dont le fondateur s’est autoproclamé « techno King » ! Pour $ 70 millions (payés en ether, une autre cryptomonnaie), on pouvait s’offrir un NFT (non fungible token), une « œuvre » digitale d’un certain Beeple devenu en quelques instants le troisième « artiste » vivant le plus coté (en janvier Botticelli n’avait fait que $ 92 millions). Les marchés boursiers touchent aussi des sommets : il est vrai qu’Apple redevenue la première capitalisation mondiale a réalisé pour la première fois de l’histoire pour une entreprise en dehors du secteur de la distribution plus de $ 100 milliards de chiffre d’affaires sur un trimestre. Assez logiquement, les investisseurs regardent quand même ailleurs et donc vers cette « nouvelle » classe d’actifs que sont les commodités et ce d’autant plus lorsque des « gourous » crient au supercycle.
Mais il faut savoir raison garder et cela d’autant plus que la hausse du dollar aura un effet négatif sur les perspectives des matières premières.
Tant d’incertitudes donc à l’image de « cette obscure clarté qui tombe des étoiles », le titre du rapport CyclOpe 2021.