Par Philippe Chalmin

En ce début d’année 2025, Mar-a-Lago est le véritable centre du monde. C’est là que Donald Trump peaufine la constitution de l’équipe gouvernementale peut-être la plus atypique de l’histoire des États-Unis. C’est là que les patrons américains, de la « high tech » à la pharmacie viennent faire allégeance, que les anciens rebelles de la Silicon Valley viennent s’incliner comme autrefois à Canossa sous l’œil critique d’un Elon Musk, plus arrogant que jamais, que l’on commence à comparer à Raspoutine et dont le rôle exact est la source de toutes les interrogations.
Dans quelques jours, pour la deuxième fois, Donald Trump va prêter serment comme président des États-Unis pour le meilleur – peut-être – et le pire, ce que peut quand même redouter le reste du monde. Il hérite en tout cas d’une économie américaine en pleine forme (au moins 2,5 % de croissance pour 2025 contre 1 % au mieux en Europe) grâce à l’efficacité des « Bidenomics » et notamment de l’IRA. Si Joe Biden avait pris la décision raisonnable de ne pas solliciter un deuxième mandat, si les démocrates avaient eu de véritables primaires, le bilan économique, au-delà de l’inflation, aurait probablement permis à Kamala Harris – ou à un autre – de l’emporter sur Trump. Mais on ne refait pas l’histoire.
Que va donc être la politique américaine, en Ukraine et au Moyent-Orient, vis-à-vis des voisins canadiens (exit Trudeau) et mexicains, à l’égard de l’Europe et bien sûr de la Chine, sans oublier même le Groenland et Panama ! Donald Trump a pu amuser la galerie avec ses déclarations tonitruantes, mais à partir du 20 janvier, sa parole sera celle de la première puissance de la planète.
Le trumpisme deuxième époque s’annonce comme une curieuse mixture de culture libertarienne et de volonté d’en finir avec l’État-providence d’une part, de protectionnisme et de barrières de toute nature d’autre part : du libéralisme sans libre-échange condamnant d’un même élan tant Keynes que Ricardo. L’expérience pourrait être intéressante si elle ne tombait en période de ruptures géopolitiques majeures, de fractures au cœur de la mondialisation, de doutes aussi quant à la pérennité de la croissance de l’autre grand pôle de l’économie mondiale, la Chine.
De toutes ces interrogations, de tous ces doutes, les marchés mondiaux de matières premières et de commodités en seront encore en 2025 le parfait révélateur au fil d’embargos et de quotas, de probables guerres tarifaires, de véritables guerres aussi.
La page qui s’ouvre en janvier 2025 a peu d’équivalents dans l’histoire. Nous sommes bien en tout cas au cœur de ce qui passera probablement à la postérité comme la grande crise des années vingt du XXIe siècle équivalente au siècle précédent à celles des années trente puis des années soixante-dix. La seule leçon en est leur durée…

Ephémérides économiques

2/12

• Crise politique en Corée du Sud
• Chute du gouvernement Barnier en France
• Le bitcoin à $ 100 000
• Sanctions américaines sur les exportations de matériel à destination de la Chine
• Sommet du Mercosur à Rio : accord de l’UE sur les négociations de libre-échange
• Chute du régime Assad en Syrie
• Conférence des Nations unies sur la désertification à Riad (COP16) : échec

9/12

• La fortune d’Elon Musk dépasse $ 400 milliards
• François Bayrou nommé Premier ministre en France
• L’Arabie saoudite obtient la Coupe du Monde de football de 2034
• Cyclone à Mayotte

16/12

• Baisse des taux de la Fed (– 25 pb)
• L’EPR de Flamanville raccordé au réseau
• Volkwagen annonce la suppression à terme de
35 000 emplois

23/12

• Gouvernement Bayrou en France

30/12

• Présidence UE pour la Pologne
• Fin accord de transit gazier Ukraine/Gazprom
• Trente ans de l’OMC
• Biden bloque le rachat d’US Steel par Nippon Steel

6/1

• Chute de Justin Trudeau au Canada
• Dix ans de l’attentat de Charlie Hebdo
• Interdiction par Biden du forage « offshore » le long des côtes américaines
• Meta supprime le « fact checking » de Meta/Facebook sous la pression de Trump