❚ Début avril, l’agence d’état saoudienne pour l’achat de céréales, la SAGO, a acheté 625 000 tonnes de blé à $ 422 la tonne cf. En décembre, la SAGO avait payé $ 365.

❚ La vraie vedette des premiers mois de 2022 est incontestablement le lithium et la Russie n’y est pour rien ! Sur les trois premiers mois, les prix du carbonate de lithium ont à peu près doublé que ce soit sur le marché chinois (plus de 500 000 yuans la tonne), sur le Japon et la Corée ($ 71,5 le kg) et pour le spodumène ($ 4 625 la tonne). Par rapport aux prix les plus bas, ceux du creux de 2020, la multiplication est par dix !). Cela a un impact sur le prix des batteries (+ 20 %) et même des véhicules électriques (+ 5 % pour Tesla).

❚ Forte hausse des prix des produits laitiers avec une baisse de la production en Nouvelle-Zélande (– 1,7 %). Pour la poudre grasse, on est passé au-dessus de $ 7 000 la tonne. Fonterra paie les producteurs 30 % de plus qu’en 2021.

❚ Les achats d’or par les ETP/ETF ont augmenté en mars pour battre un record historique à $ 11,3 milliards.

❚ Rumeurs de problèmes sur le contrat zinc du LME. Alors que le marché est très tendu (près de $ 5 000 la tonne au plus haut), que les primes pour le physique en Europe sont aussi au plus haut ($ 460 la tonne), des négociants, dont Trafigura, sortiraient du zinc des entrepôts du LME en Asie.

❚ Rusal (aluminium), Severstal (acier) et Lukoil (énergie) se sont démarqués à mots feutrés du Kremlin et ont condamné les massacres russes en Ukraine. La menace des sanctions a du bon…

❚ La flambée des prix des céréales est intervenue trop tard pour que les agriculteurs puissent en profiter pour la campagne 2021-2022. Dans la Marne, le prix de vente moyen de blé a été de € 195 la tonne, celui du maïs avec l’augmentation du prix des engrais, la production 2022 aurait un coût de production de € 227 alors que fin février un tiers de la récolte était engagé à € 210.

❚ Une société de Dubai, Alkalcejsugar, jusque-là raffineur de sucre, se lance dans un projet de construction de ce qui pourrait être la plus importante sucrerie de betteraves d’Europe à Rouen avec une capacité de 650 000 à 850 000 tonnes. Cela nécessiterait 50 000 hectares de betteraves. La sucrerie travaillerait pour l’exportation. À titre de comparaison, Cuba devrait réaliser la pire campagne de son histoire en 2022 à 630 000 tonnes.

❚ L’Australie qui fournit 46 % du minerai de lithium (le spodumène) se lance dans la production d’hydroxyde de lithium directement utilisable dans les batteries. Il s’agit d’un partenariat entre le chinois Tianqi et le mineur australien 60. Deux autres projets sont en cours de réalisation par SQM et Albermarle.

❚ Une des conséquences inattendues de la flambée des prix du gaz : l’augmentation des coûts de production des cultures sous serres dans le nord de l’Europe (Royaume-Uni, Pays-Bas) : aux Pays-Bas, 40 % des producteurs de légumes sous serres seraient dans le rouge. Ceci affecte en particulier au Royaume-Uni concombres et aubergines.

❚ En février 2022, l’Inde avait 24 mt de blé en stocks sur 2020-2021, elle avait exporté 2 mt. Sur 2021-2022 (avril 2021/janvier 2022) 6 mt avaient déjà été exportés. Le prix d’intervention en Inde est de 2 015 roupies le quintal. Actuellement (mars 2022), le prix mondial est de 3 167 roupies. Il y a de la marge !

❚ Le nickel a éclipsé l’étain qui lui aussi a fait des folies le 8 mars. Après avoir clôturé au prix record de $ 51 000 la tonne, il a fini le lendemain à $ 39 000. D’après l’ITA, la production mondiale en 2021 a été de 378 400 tonnes (+ 11 %).

❚ L’Australie a décidé de boycotter la Russie et va donc arrêter de vendre de l’alumine à Rusal. Chaque année, Rusal utilise 8 mt d’alumine dont seulement 37 % proviennent de Russie. L’essentiel du reste vient d’Ukraine (la raffinerie de Nikolaev) et d’Australie ainsi que d’une raffinerie que Rusal possède en Irlande. Rusal va donc devoir réduire sa production d’aluminium, l’une des principales au monde d’aluminium « vert » (à l’hydroélectricité et non au charbon).

❚ Finalement, l’Espagne n’a pas rejoint le Portugal dans la proposition de plafonner le prix de l’électricité en Europe à € 180 le MWh.

❚ Pendant la guerre, les exportations russes de blé continuent : on parle de 2 mt en mars avec des prix à $ 390 Fon (12,5 % de protéines).

❚ L’Argentine a augmenté à 33 % sa taxe à l’exportation sur l’huile et le tourteau de soja.

❚ Fin mars, la Turquie a acheté 300 000 tonnes de maïs, origine optionnelle, et a payé au plus bas $ 400,8 la tonne cf.

❚ La Russie et le Belarus représentent 40 % des exportations mondiales de potasse. La Russie pèse aussi 22 % des exportations d’ammoniac, 14 % d’urée et 14 % de monoammonium de phosphate (MAP).

❚ La Russie a aussi une position non négligeable sur le marché du cuivre avec des exportations qui par le passé étaient de l’ordre de 700 000 tonnes. Certes, une partie en est destinée à la Chine, mais on ne peut négliger l’impact d’un embargo éventuel. Goldman Sachs, toujours haussier, anticipe $ 12 000 la tonne !

❚ L’Inde vient d’acheter de l’huile de tournesol à la Russie. Gemini Edibles and Fat India a acheté 12 000 tonnes sur avril à $ 2 150 la tonne caf. Avant la guerre, le prix était de $ 1 630. Au même moment, une délégation égyptienne était en Inde pour acheter… du blé !

❚ D’après Rystad Energy, le mois de mars en Europe a connu la moyenne des prix sport de l’électricité la plus forte de l’histoire, dépassant le record de décembre 2021. Pour la France, elle s’établit à € 296 le MWh.

❚ L’Arabie saoudite profite de la situation pour augmenter ses primes sur l’Asie. Saudi Aramco les a passés à $ 9,35 le baril de pétrole Arabian light au-dessus de la référence Oman-Dubai. C’est le niveau le plus élevé de l’histoire. Sur l’Europe, l’Arabian light est à $ 4,60 sur le Brent.

❚ L’Australie anticipe des recettes à l’exportation de matières premières de $ 318 milliards en 2021/2022 (A $ 425 milliards), en hausse de 33 % pour l’année financière terminant en juin. Les recettes de charbon s’élèveraient à A $ 110 milliards, celles de lithium, cuivre et nickel combinés à A $ 23 milliards.

❚ Flambée des prix de l’ammoniac le 1er avril qui a atteint $ 1 625 la tonne (Fob Tampa-US Gulf) et cela malgré le niveau « modéré » des prix du gaz naturel aux États-Unis !

❚ Au total, ce sont donc 240 mbj de pétrole qui vont être remis sur le marché en provenance des réserves stratégiques : 180 mb pour les États-Unis et 60 mb pour les autres membres de l’AIE. Il semble par ailleurs que les raffineurs chinois, s’ils honorent leurs contrats antérieurs, sont prudents dans leurs achats de cargaisons en provenance de Russie.

❚ À la mi-mars, l’AIE anticipait un déficit pétrolier mondial de 700 000 bj au deuxième trimestre en tablant sur une baisse potentielle de l’offre russe allant jusqu’à 3 mbj. Goldman Sachs donnait une prévision de prix moyen du Brent en 2022 à $ 135 le baril avec des pointes à $ 175 ! Pierre Andurand parlait quant à lui de $ 250 et Trafigura était plus raisonnable à $ 150.

❚ Au 1er mai, l’OPEP+ augmentera ses quotas de 432 000 bj de pétrole. L’Arabie saoudite refuse tout effort pour ne pas froisser la Russie et restant en froid avec les États-Unis (Yémen, Iran…).

❚ Le Bundestag va voter une loi qui obligera les stocks de gaz naturel d’être pleins à 65 % au 1er août et à 80 % en octobre. 30 % des capacités de stockage allemandes appartiennent à Gazprom.

❚ La fermeture « temporaire » du port russe de Novorissisk qui est le terminal du pipeline de la Caspienne (Caspian Pipeline Consortium) qui est utilisé pour exporter 1,1 mbj de pétrole du Kazakhstan pour des compagnies comme Chevron, Exxon ou Total, illustre un peu plus les tensions pétrolières autour de la Russie. A priori le Kazakhstan devrait diminuer sa production de
320 000 bj.

❚ Un des goulots d’étranglement de la production de pétrole de schiste aux États-Unis est la disposition de sable pour la fracturation. La production sur le Permian a diminué de 70 mt à 50 mt et les prix sont passés de $ 20 la tonne courte à $ 70.

❚ Parmi les autres goulots d’étranglement, cette fois pour le gaz naturel en Europe, celui de la disponibilité de terminaux flottants, les FSRU. Il n’en existe que 33 dans le monde et aucune commande n’est en cours. Ceux-ci sont presque tous déjà occupés et les taux de location pour le reste ont bondi à $ 140 000/jour. Un FSRV coûte à peu près $ 350 millions à construire, mais il faut deux ans aux chantiers coréens qui dominent le marché. Autre problème, celui des méthaniers-brise-glace prévus pour sortir le GNL de Yamal et de Sakhalin. Il y a en Corée 35 méthaniers en construction pour la Russie. Ceux-ci dépendant de la technologie pour les réservoirs d’une entreprise française, Gaztransport et Technigaz (30 % Engie) qui pourrait être concernée par les sanctions contre la Russie.

❚ L’administration Biden envisage de tirer 180 mb de pétrole de la réserve stratégique.
­­­