Par Philippe Chalmin

L’année 2022 a démarré en fanfare ! Les crises qui avaient marqué 2021 se poursuivent au moins sur le plan logistique et énergétique. Les tensions géopolitiques sont montées d’un cran en particulier autour de l’Ukraine, mais il ne faut pas oublier le Yémen, la Libye et puis l’instabilité chronique de pans entiers de l’Afrique et même de l’Amérique latine. Dans ce contexte, la tenue des Jeux olympiques en Chine a quelque chose de surréaliste. Dans la Grèce antique, la période des Jeux olympiques était marquée par une trêve entre les cités qui envoyaient leurs athlètes à Olympie. Rien de cela cette année : les athlètes seront dans leur bulle (au propre et au figuré), mais pendant ce temps, la Chine poursuivra sa répression à Hong Kong avec un œil sur Taïwan, la Russie et les États-Unis continueront leurs bras de fer autour de l’Ukraine. Il n’y aura pas de trêve olympique !
Les crises se poursuivent donc. La crise logistique tout d’abord avec encore plus d’encombrements portuaires et des taux de fret pour les conteneurs qui ne faiblissent pas. Dans nombre de secteurs, le problème majeur est celui de trouver des conteneurs et puis aussi les camions (et leurs chauffeurs) et les navires pour les transporter et surtout les décharger. Cette crise-là va encore durer de longs mois et affecter de très nombreux marchés. La crise énergétique est quant à elle devenue un véritable choc, presque comparable à celui des années soixante-dix. À cette époque, c’était le pétrole qui faisait l’actualité. Aujourd’hui, c’est le gaz naturel qui est en première ligne en un moment où la transition énergétique l’a rendu presque aussi indispensable que pouvait l’être le pétrole en 1973. Certes, l’hiver passera, la crise ukrainienne se dénouera d’une manière ou d’une autre, mais les prix du gaz resteront élevés en Europe comme en Asie, États-Unis et Russie devenant en quelque sorte les maîtres de l’arme du gaz. Et dans son sillage, le gaz entraîne l’électricité (en Europe au moins), le charbon, les engrais et tous les marchés touchés par la hausse des prix de l’énergie, et puis enfin le pétrole dont la charge symbolique reste si forte. Certes, on peut anticiper, sauf accident géopolitique majeur, une certaine détente pétrolière, mais celle-ci sera limitée et la prévision de CyclOpe ($ 75 le baril de Brent en moyenne en 2022) peut paraître bien optimiste.
Comme dans les années soixante-dix, ces chocs (sans oublier ceux – plus limités – qui affectent les marchés agricoles) provoquent un sursaut inflationniste avec des niveaux en ce début d’année sans équivalent depuis près de quarante ans. La réaction des autorités monétaires ne va pas tarder avec hausses des taux et « tapering » à la clef. Le réveil pourrait en être économiquement douloureux, et cela d’autant plus que ces crises et chocs interviennent en un moment de transitions majeures, environnementales, énergétiques, mais aussi géopolitiques pour la planète. Et puis, nous n’en avons peut-être pas fini avec la pandémie et nous ne sommes pas au bout de l’alphabet grec !

Ephémérides

3/1

• Présidence française de l’Union européenne
• Fermeture de trois centrales nucléaires en Allemagne
• Apple atteint une capitalisation boursière de
$ 3 000 milliards
• Émeutes et crise au Kazakhstan ; intervention russe
• Début des discussions Russie/États-Unis à Genève
• MSC, premier armateur mondial
• Baisse des exportations russes de gaz naturel vers l’Europe de 25 % au dernier trimestre 2021

10/1

• « Affaire » Novak Djakovic en Australie
• Hausse de 26 % de l’excédent commercial chinois en 2021 ($ 676 milliards)
• Tensions Chine/Lituanie

17/1

• Croissance chinoise de 4 % au quatrième trimestre 201 : + 8,1 % pour l’année
• Fortes baisses à Wall Street
• Le « Bund » allemand redevient positif
• « Party Gate » au Royaume-Uni

24/1

• Coup d’État au Burkina Faso
• Croissance française de 7 % en 2021, de 2,7 % en Allemagne (– 0,7 % au quatrième trimestre)
• Annonce de hausse prochaine des taux de la Fed
• Baisse des prévisions du FMI pour 2022

31/1

• Inflation en zone euro : + 5,1 % ; aux États-Unis + 7,1 % (janvier)
• Crise politique au Pérou
• Propositions de renationalisation du cuivre et du lithium au Chili
• Croissance américaine 2021 : 5,7 % (+ 6,9 % au dernier trimestre)
• Le baril de Brent à $ 90
• Ouverture des J.O. d’hiver à Pékin