Energie
❚ Les États-Unis ont décidé de ne pas renouveler la «licence 44» qui autorisait le Venezuela à vendre son pétrole sur le marché américain (et ailleurs…). Les compagnies ont 45 jours pour dénouer les transactions en cours. Ceci étant, la règle n’est pas claire et les autorisations accordées à Chevron, Repsol et ENI ne seraient pas remises en cause. En mars, PDVSA avait exporté 9000 000 bj.
❚ D’après plusieurs estimations, l’Iran exporte actuellement entre 1,6 et 1,8 mbj (contre 2 mbj avant les sanctions américaines de 2018). En 2023, la Chine aurait importé à peu près 1,1 mbj de pétrole iranien (souvent « officiellement » de Malaisie). Toute nouvelle sanction américaine se heurterait à la Chine.
❚ Le prix du gaz naturel aux États-Unis au stade du producteur dans le bassin du Permian a atteint, à la mi-avril, un niveau record… en négatif : – $ 2,99 le mbtu au plus bas depuis décembre 2022 au Waha hub. Dans le Permian, le gaz est un sous-produit du pétrole.
❚ Sur l’année fiscale indienne 2023/2024 (se terminant le 31/3) l’Inde a eu la Russie comme premier fournisseur de pétrole avec 1,64 mbj (35 % des importations contre 22 % l’année précédente) sur un total de 4,7 mbj. De son côté, en mars, la Chine avait aussi la Russie comme premier fournisseur avec 2,55 mbj (2,13 mbj en moyenne en 2023).
❚ L’AIE continue à évaluer la croissance de la demande mondiale de pétrole à la baisse : 1,2 mbj de plus en 2024, 1,1 mbj en 2025. L’OPEP reste sur son hypothèse de 2,2 mbj et Vitol table sur 1,9 mbj.
❚ La Banque Mondiale prévoit le baril de pétrole Brent en moyenne à $ 84 en 2024 et $ 79 en 2025.
❚ Le ministère russe de l’Économie a réduit ses estimations du prix d’exportation du pétrole sur la période 2024/2027 de $ 70 le baril à $ 65. En 2024, la Russie exportait 4,8 mbj.
❚ Les tensions autour de l’Iran ont beaucoup plus affecté le gaz naturel que le pétrole. Le GNL en Asie est repassé au-dessus de $ 10 le mbtu et, de ce fait, les importations asiatiques sont revues à la baisse.
❚ D’après l’agence norvégienne DNN, la Chine ne parviendra en 2050 qu’à réduire de 25 % sa consommation de charbon. Par contre, la consommation de pétrole diminuerait de moitié, de 94 % pour le transport routier.
❚ La Turquie serait en train de négocier un accord de livraison de 2,5 mt de GNL par an avec Exxon pour limiter sa dépendance à la Russie (40 % de son approvisionnement).
Minerais et métaux
❚ Une histoire « amusante » : la Chine importe désormais des quantités importantes de ferrailles de cuivre de Russie. Ce serait avant tout pour échapper aux taxes d’exportation chinoises. En réalité, il s’agit de métal de première fusion transformé en ferraille dans le Xinjiang. Les affaires passent par un négociant des Émirats (Modern Commodity Trading). En février 2024, 12 000 tonnes de ces fausses ferrailles auraient été importées.
❚ L’étain était à la mi-avril proche des $ 35 000 la tonne en hausse de plus de 30 % depuis le début de l’année. Macquarie anticipe un déficit de 8 000 tonnes en 2024 et de 12 000 tonnes en 2025. Il y aurait, par ailleurs, des rumeurs de squeeze sur le LME avec un opérateur qui aurait une position longue représentant 40 % de « l’open interest » sur mai. L’étain est soutenu par la demande de l’industrie des semi-conducteurs et par les incertitudes dans les pays producteurs du Myanmar à la RDC.
❚ Le cuivre a franchi fin avril, la barre des $ 10 000 la tonne sur le LME, proche du record de $ 10 845 de mars 2022. Ceci étant, les prix à Shanghai sont plus faibles (au point que la Chine exporte du cuivre…). De plus, l’ICSG maintient ses prévisions d’excédent : 162 000 tonnes en 2024 et 94 000 tonnes en 2025 (mais, en octobre, l’excédent 2024 anticipé était de 467 000 tonnes.
❚ L’ILZSG anticipe un excédent de 56 000 tonnes en 2024 sur le marché du zinc à comparer à sa prévision de 367 000 tonnes d’octobre dernier : production minière en hausse de 0,7 % (12,42 mt), de 0,6 % pour la production de métal (14,01 mt) et demande de 1,8 % (13,96 mt). Pour le plomb, l’excédent serait de 40 000 tonnes pour une demande de 13,42 mt (+ 1,9 %).
❚ D’après World Steel, la demande mondiale d’acier augmentera de 1,7 % en 2024 à 1,79 milliard de tonnes et de 1,2 % en 2025 à 1,8 milliard de tonnes.
❚ Joe Biden maintient son opposition à l’achat pour $ 14,9 milliards de US Steel par Nippon Steel, même si le conseil d’US Steel a donné son accord : « Let’s Keep US Steel in America ! ».
❚ Pour le nickel, l’INSG anticipe un excédent de 109 000 tonnes en 2024 après 163 000 tonnes en 2023. La production augmenterait encore de 5,9 % et la demande de 7,9 %.
❚ « Toute tonne de cuivre à moins de $ 9 000 est bon marché », estiment les analystes de Citi.
❚ La Roumanie a donné son feu vert pour la relance de la mine de magnésium d’Oradea. À terme, la production serait de 90 000 tonnes par an, soit la moitié de la demande européenne. Pour l’instant, 90 % des approvisionnements européens sont chinois.
❚ Le marché de l’argent en est à sa quatrième année consécutive de déficit d’après le Silver Institute. Et ce déficit devrait persister sur les cinq années à venir d’après Macquarie, ce qui incite nombre d’analystes à penser que la barre des $ 30 l’once devrait être franchie.
Grains
❚ Au 24 avril, l’Ukraine avait exporté 40 mt de grains sur la campagne (40,7 mt un an plus tôt). On compte 15,2 mt de blé, 22 mt de maïs et 2,2 mt d’orge. Le surplus exportable pour 2023/2024 est estimé à 50 mt sur une production de 81,3 mt.
❚ L’Inde a levé son embargo sur les exportations d’oignons, mais a fixé une taxe à l’exportation de 40 %. L’Inde devrait produire 19,1 mt durant la saison « rabi » de 2024. Sur 2023/2024, l’Inde a exporté 2,5 mt d’oignons. Par contre, l’Inde a levé ses droits de douane sur les pois chiches dont elle est le premier consommateur et importateur mondial (60 % des importations mondiales, pour l’essentiel d’Australie).
❚ Il semblerait que fin mars, la Turquie était proche de réussir sa médiation pour le renouvellement de l’accord sur, non seulement, un corridor céréalier, mais la sécurité de la navigation dans la mer Noire. Au dernier moment, l’Ukraine aurait retiré son accord sur décision du président Zelinski.
❚ Le marché du riz se stabilise autour de $ 600 la tonne. C’est à ce prix que le Bulog indonésien (l’organisme public en charge des achats de céréales) a acheté 300 000 tonnes (cf) au Vietnam, au Myanmar et en Thaïlande.
❚ Alors que la saison des « primeurs » va commencer, les prix des vins de Bordeaux sont en net recul et les prix annoncés au fil des dégustations pourraient diminuer de 15 %
Produits agricoles tropicaux
❚ Production record de sucre et d’éthanol au Brésil sur la campagne 2023/2024 qui vient de se terminer. Pour le Centre Sud, la production de canne à sucre a été de 654 mt (+ 19 %) qui ont donné 42,4 mt de sucre (+ 25 %) et 33,5 milliards de litres d’éthanol (+ 16 %). La part du sucre a été de 48,8 % contre 44,6 % l’année précédente. La production d’éthanol de maïs s’est élevée à 6,26 mds de litres (+ 41 %), ce qui représente déjà 20 % de l’éthanol brésilien.
❚ Finalement, sur la campagne 2023/2024, l’Inde aura produit 31,59 mt, une baisse de 1,8 % par rapport à la saison précédente, mais supérieure aux attentes.
❚ Le Ghana et la Côte d’Ivoire seraient incapables de livrer 500 000 tonnes de cacao sur des contrats forward négociés l’année dernière à des prix bien inférieurs aux prix de marché actuels. Ces livraisons seraient repoussées à la campagne 2025. Le problème sera celui du prix au planteur : 1 500 FCFA le kg en côte d’Ivoire et 5 500 FCFA au Cameroun (où le marché est libre…). Les prix au Ghana et en Côte d’Ivoire sont à peu près l’équivalent de $ 2 500 la tonne.
❚ Légère remontée des prix du blé : alors que l’Algérie avait acheté 900 000 tonnes début mars autour de $ 228 la tonne cf début mars, elle a payé $ 249 pour 250 000 tonnes début mai. L’essentiel de ce blé provient de Russie.
❚ Encore une livraison historique de sucre sur l’échéance de mai du contrat de New York : 1,67 mt pour lesquels le principal vendeur est Wilmar et le principal acheteur LDC ainsi que deux opérateurs brésiliens Raizen et Alvean.
❚ Czarnikov anticipe une production mondiale de sucre de 187,3 mt en 2024/2025 face à une consommation de 180 mt.
❚ La volatilité des prix du cacao est extrême. Fin avril, début mai, le marché a perdu $ 3 000 la tonne en quelques jours avec de très probables prises de bénéfice des fonds et une très forte baisse de la position ouverte à New York. En fin de campagne, les stocks de cacao seront au plus bas depuis 45 ans d’après l’ICCO.
❚ Le café Robusta est au plus haut à Londres depuis 45 ans et a même dépassé un moment les $ 4 000 la tonne. Une vague de chaleur au Vietnam en est la principale raison.