Back to geopolitics
Quelque peu aux abois, Donald Trump est revenu à ses classiques. Le Venezuela et l’Iran en guise de hors d’œuvre, mais sans trop heurter la Russie, l’Europe qui reste un aimable amuse-bouche, avec un peu de piment pour la France, mais surtout un solide plat principal autour de la Chine. L’escalade est nette, des discours sur les déséquilibres commerciaux (que l’accord du 15 janvier était sensé atténuer) aux accusations tant d’impérialisme (Hong Kong, les Ouïghours) que d’espionnage. Le paradoxe est que les accusations de Trump font mouche, même si on sait que leur motivation est avant tout électorale. Les États-Unis – et le Royaume-Uni quand même – sont les seuls à avoir réagi à la reprise en main de Hong Kong et aux menaces en mer de Chine. Sur Hong Kong, le silence des banques internationales (les mêmes qui s’engagent la main sur le cœur à ne plus financer de mines de charbon…) a été assourdissant. L’impérialisme de Huawei sur la 5G semble pour l’instant contenu, mais en ce domaine comme en bien d’autres (des terres rares aux masques) le réveil occidental est bien tardif. Déclenchée par les États-Unis, la « guerre des consulats » amuse la galerie : Houston vs Chengdu… Pour l’instant, la Chine fait le gros dos, sachant qu’elle risque de changer d’interlocuteur à l’automne : elle a même augmenté ses achats de soja et de maïs américain en signe de bonne volonté (par contre, ni colza canadien ni orge australienne).
Un peu partout, les guerres civiles se poursuivent dans l’indifférence générale, du Yémen à la Libye, les populismes prospèrent, du Brésil à la Turquie. Le Covid reste au fond une affaire de pays riches qui ont les moyens de s’en préoccuper. Il y a, ailleurs dans le monde, tant de manières de mourir – de guerres ou de pauvreté – avant que d’atteindre l’âge des populations vulnérables en Occident. Et pendant ce temps, l’or flambe !

La ruée vers l’or… et le fer
L’encre de cette chronique sera peut-être à peine sèche que l’once d’or aura franchi la barre mythique des $ 2 000. La relique barbare avait reculé devant l’obstacle en 2011 et frôlait même les $ 1 000 en 2016. CyclOpe avait rendu une expertise économique sur le projet de Montagne d’Or en Guyane en 2017 et à l’époque les opposants à cette mine, menés par le WWF, taxaient d’optimisme insoutenable des projections de l’ordre de $ 1 300 à $ 1 400. Depuis, le projet de Montagne d’Or a été sacrifié sur l’autel de l’écologiquement correct et de la bien-pensance des nantis métropolitains. En deux ans, l’or aura quand même gagné $ 800 l’once. Le dernier coup de pouce a été donné par la baisse du dollar, mais la principale raison est à chercher du côté des taux d’intérêt : à zéro, voire négatifs, autant avoir de l’or que des emprunts d’État : au premier semestre, les investisseurs – et au premier chef les ETF – ont acquis plus de 1 000 tonnes. Quelques banques centrales, comme celle de la Turquie, ont emboîté le pas et cela a suffi, sur ce marché si particulier, pour provoquer une véritable ruée vers l’or.
Mais l’argent en a aussi profité retrouvant des couleurs oubliées depuis exactement quarante ans et le Krach du marché provoqué par la spéculation des frères Hunt. Mais pour l’or comme pour l’argent, il faut savoir raison garder et se souvenir en particulier de l’importance des stocks cachés en de multiples bas de laine. Certains parlent déjà de $ 3 000 pour l’once d’or et ce n’est guère raisonnable…
À côté de l’or et formant un couple étrange nous renvoyant aux temps barbares, le minerai de fer s’est maintenu autour de $ 110 la tonne (62 % cf Chine) soutenu en particulier par la demande chinoise (plus de 100 millions de tonnes importées au mois de juin). Les mineurs australiens, qui sur les mêmes bases « passent » autour de $ 25 la tonne, gagnent de l’or avec ce fer-là. Mais cela pourrait ne pas durer et le gouvernement australien table sur un prix de $ 55 (fob Australie) en fin d’année.
Mais les métaux non ferreux ont eux aussi tous connu un net rebond depuis leur creux de la fin mars et celui-ci s’est poursuivi en juillet : demande chinoise, impact du Covid sur l’activité minière en Amérique latine, jeux spéculatifs entre Londres et Shanghaï ont poussé à la hausse le cuivre comme le zinc ou l’étain. Aluminium et nickel sont restés quelque peu en retrait et pour le « métal du diable », cela n’a pas arrangé les affaires de la Nouvelle-Calédonie où Vale cherche à se dégager de son héritage d’Inco.

 

Philippe Chalmin

Ephémérides

6/07

• Sainte-Sophie de Constantinople redevient une mosquée
• Menaces américaines de taxes à hauteur de $ 1,3 milliard contre la France si la taxe GAFAM est mise en place
• Amende de $ 2 milliards pour Norilsk à la suite d’une pollution fluviale

13/07

• Les États-Unis mettent fin au régime préférentiel de Hong Kong
• L’amende d’Apple à propos de ses impôts en Irlande est annulée par la Cour de Justice européenne
• Le grand barrage d’Éthiopie commence à se remplir au grand dam de l’Égypte et du Soudan
• Décision de Boeing d’arrêter le 747
• La tonne de carbone dépasse les 30 euros
• 3,2 % de croissance en Chine au deuxième trimestre
• 600 000 morts du Covid au 19 juillet

20/07

• Record pour le prix de l’or et dollar au plus bas depuis deux ans
• Reprise du Covid en Europe
• Discussion aux États-Unis sur un nouveau plan de relance
• Deuxième trimestre : États-Unis – 9,5 %, France – 13,8 %